Photo : Riad De notre correspondant à Tlemcen Amira Bensabeur La lutte contre la délinquance juvénile est un point important dont se préoccupent toutes les régions du pays et cette prise de conscience commune tendant à trouver des solutions pour prévenir et punir la délinquance juvénile a pris beaucoup plus d'ampleur ces dernières années.Cependant, afin de réussir la prévention de la délinquance des mineurs, bon nombre d'observateurs ont souligné qu'en la matière, une démarche volontariste est indispensable. Cela suppose une démarche interministérielle, mais aussi un travail conjoint de l'ensemble des acteurs concernés. Ainsi, collectivités locales et professionnels de la justice, de la police, de la gendarmerie et de l'éducation nationale doivent mettre en commun leurs outils d'analyse.Durant ces dernières années, le rôle des parents dans la prévention et la lutte contre la délinquance juvénile et les incivilités a grandement diminué alors que son importance est indéniable. Tendance forte mais méconnue des politiques publiques, les parents sont de plus en plus considérés comme une cause mais également comme une solution aux désordres de la jeunesse. A Tlemcen, comme dans les autres villes du pays, il est indispensable de prendre des mesures qui visent à responsabiliser, mobiliser et soutenir les parents des mineurs délinquants ou «en risque» dans leurs missions d'éducation, de direction et de surveillance à l'égard de leurs enfants.Ainsi, à Tlemcen, cette délinquance juvénile, comme l'a expliqué un policier, touche de plus en plus en plus d'endroits, mais elle se situe plus particulièrement dans les grandes agglomérations de la wilaya et la ville de Tlemcen, au point où l'on enregistre une moyenne d'un délit sur sept dans les rangs des mineurs. Un large tableau a été brossé indiquant que le phénomène prend de l'ampleur et touche de plus en plus d'adolescents qui n'ont pas vécu pleinement leur enfance et entrent dans le monde des adultes où ils doivent s'affirmer avec ce qu'ils ont comme armes. Et quand les parents et l'école n'ont eu aucune influence, la seule arme que l'adolescent aura sera celle qu'il a forgé dans la rue, la violence. Si l'on évoque le problème de la délinquance à Tlemcen, on ne peut manquer de parler du phénomène de la déperdition scolaire, du chômage, du manque de sensibilisation et de formation des jeunes qui ne trouvent comme issue que la rue. Mensuellement, les services de la gendarmerie et de la police traitent des centaines d'affaires à travers le territoire de Tlemcen qui compte 53 communes. Vols, coups et blessures volontaires, viols font le décor du monde de la criminalité. Les jeunes délinquants sont de plus en plus violents et précoces, déplorent en chœur policiers, éducateurs et responsables ; tendance qui sera confirmée par les chiffres, lors de la prochaine conférence de presse à la Sûreté de wilaya. Cet état de fait devient un problème considérable. De nombreux adolescents commettent des infractions. Beaucoup de jeunes délinquants sont même des récidivistes. C'est un problème grave parce que les délinquants causent un tort inestimable à leurs victimes et ils seront les adultes criminels de demain. C'est dire si la délinquance est enracinée dans la nature même de l'organisation sociale. Elle se serait stabilisée parce que l'encadrement s'est resserré autour des adolescents, à la fois dans la famille, à l'école et dans le champ des loisirs. De plus, les adolescents vivent dans un groupe familial de plus en plus restreint, ce qui favorise l'intimité et la surveillance. Par contre, les conditions économiques des familles se sont détériorées. Ce changement aurait dû faire augmenter la délinquance… Les adolescents sont aujourd'hui plus réalistes mais aussi plus émotifs et plus anxieux. La région de Tlemcen, qui enregistre plusieurs affaires liées aux crimes sous toutes ses formes, prouve à quel point elle se trouve dans le collimateur, surtout avec le phénomène de la contrebande de drogue où durant cette année pas moins de 6 tonnes ont été saisies dont notamment la toute récente saisie de 10 quintaux de kif traité ; même l'école n'est pas épargnée par cette violence. Dans cette région qui s'apprête à abriter la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique 2011», les services de sécurité se préparent pour élaborer une stratégie de lutte et un plan spécial pour sécuriser la région, puisque Tlemcen sera une terre d'accueil de plusieurs délégations issues de 50 pays arabes et musulmans.La prévention de la délinquance ne peut produire des effets satisfaisants dans la lutte contre l'insécurité que si elle s'inscrit dans la durée, et qu'elle s'assigne des objectifs subordonnés aux seuls intérêts des citoyens. Prioritairement dirigée vers les mineurs, cette politique se fonde sur un pilier central : l'éducation. Il convient d'apprendre aux enfants, dès le plus jeune âge, pourquoi il existe des règles indispensables à la vie en société et pourquoi, il est impératif de les respecter. Le message à diffuser est que le respect que l'on attend des autres passe d'abord par celui dont on doit faire preuve à leur égard. Le repérage et l'appropriation des limites constituent une pédagogie nécessaire à la construction de soi et à l'apprentissage de la vie sociale. Cette démarche suppose que soient mobilisés tous les acteurs en lien avec les enfants : monde de l'éducation, monde médical et paramédical, monde associatif et monde judiciaire. C'est cette action éducative qui permettra d'expliquer le caractère nécessaire de la sanction afin qu'elle soit admise et ne conduise pas à des comportements réitératifs. La protection des plus vulnérables, notamment les mineurs, les femmes, les personnes handicapées ou âgées, est un corollaire immédiat de cette politique. Il serait par ailleurs illusoire de prétendre que l'Etat puisse être seul à porter un projet de cette ampleur. Il est nécessaire de développer la culture de non-violence, avec la mise en place d'une politique de prévention de la délinquance ce qui contribue à l'amélioration durable de la sécurité dans tous les domaines de la vie au quotidien.