De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Constantine, à l'instar des autres wilayas du pays, aura vécu des périodes d'insécurité dans les rues, ruelles, espaces publics… Souvent justifié par le chômage, ce banditisme a toutefois été atténué grâce à une nouvelle politique de lutte contre ces nuisances, même s'il reste encore beaucoup à faire pour sécuriser toute la ville. Toutefois, il faut reconnaître qu'un net recul est enregistré pour certains types de banditisme, à savoir les agressions et les vols à la tire. Mais on relève aussi l'accroissement des vols de voitures, des cambriolages de domiciles et magasins ainsi que, dans une moindre mesure, du trafic de drogue.Ainsi, tous les bilans dressés par les services de sécurité signalent ce genre de délits. Les brigands voient grand. Ils ne se contentent pas des miettes. Loin s'en faut. Ils cherchent le gros lot. Les nuits de la capitale de l'Est sont désormais déchirées par les sons stridents des alarmes de voitures qui sont ciblées par les casseurs. Faute de parkings gardés ou de garages, les véhicules sont à la merci de ces bandes de voleurs. Evidemment, la recrudescence des vols de voitures est une aubaine pour les vendeurs de matériel de surveillance et d'alarmes, même si les voleurs se sont «spécialisés» et parviennent à neutraliser les alarmes et autres systèmes de sécurité (canne de blocage de la direction, coupe-courant). D'ailleurs, de nombreux citoyens ont trouvé leur voiture dévalisée, certains ne la trouvent même pas, malgré sa mise sous alarme. A la nouvelle ville Ali-Mendjeli, des maisons sont cambriolées et des voitures volées en plein jour. A Constantine, le phénomène hante les résidents. «C'est pratiquement les mêmes types de voitures qui sont volées», s'accordent à dire des employés des assurances, des victimes de vols et des représentants des forces de l'ordre qui considèrent que ce fléau est un véritable défi qu'ils se disent décidés à relever pour, si ce n'est l'éradiquer, du moins freiner son expansion.S'agissant des cambriolages de domiciles et de commerces, le fléau gagne du terrain, même s'il est circonscrit à quelques quartiers périphériques comme c'est le cas de Bekira où les forces de l'ordre ont arrêté une bande de huit personnes dont l'âge ne dépasse pas la trentaine. Les agressions et vols à la tire ont, par contre, fortement diminué. Le maillage des services de sécurité, omniprésents aux points névralgiques de la ville, a permis de neutraliser de nombreux voleurs, ce qui a dissuadé les autres.De fait, contrairement aux deux dernières années durant lesquelles le taux des atteintes aux biens et aux personnes a atteint des proportions alarmantes, voire inquiétantes, il apparaît que l'insécurité a baissé sensiblement durant cette année, en témoignent les multiples sources des services compétents chargés de la sécurité et du bien-être du citoyen. Constantine reprend de l'assurance, et le mérite revient en premier lieu à la vigilance des policiers et des gendarmes. Mais le travail des représentants de l'ordre doit être soutenu par les citoyens, premiers concernés et premiers touchés. «Les citoyens doivent soutenir les services de police qui ne font que veiller sur leur sécurité. C'est à partir de là que débute le civisme», affirme un cadre local. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Les citoyens sont réticents quand il s'agit de se présenter dans un commissariat pour signaler un délit. En fait, ils ont peur de se voir «impliqués» dans une opération policière et d'être ainsi «repérés» par les malfrats ou leurs complices qui pourraient se venger. Les citoyens ne daignent même pas composer le numéro «SOS» pour dénoncer des «gestes» coupables pouvant mettre en danger les biens ou la vie d'autrui. «Certaines personnes considèrent qu'en faisant ça [appeler la police], ils deviennent des indics alors que ce petit geste civique pourrait éviter le pire», indique un officier de police. Des personnes à qui nous avons demandé les raisons, selon eux, du manque d'implication de la population, diront pour leur part, que les citoyens, voyant que nombre de policiers ne lèvent pas le petit doigt pour mettre fin à une bagarre, certains détournent même le regard devant un flagrant délit, en font autant. «Nous avons, à maintes reprises, vu des policiers demeurer impassibles devant une bagarre qui vient d'éclater devant eux», attestent les personnes que nous avons interrogées. En définitive, le civisme des citoyens ne peut être une réaction spontanée, mais un reflexe à susciter, et il ne peut l'être que lorsque les forces de sécurité deviendront de véritables représentants de l'ordre appliquant la loi dans toute sa rigueur, pour tous, sans distinction ni complaisance, tout en la respectant. C'est la base et l'ossature de l'Etat de droit qui, une fois érigé, sera soutenu et porté par tous les citoyens.