Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi A l'instar des autres régions du pays, Constantine est rongée par les marchés informels, un fléau qui prend de l'ampleur malgré une politique «étudiée» menée par les pouvoirs publics. Le bazar est miné par une concurrence déloyale affectant les opérateurs inscrits auprès de la Chambre de commerce. Les clandestins, qui ne sont soumis à aucune taxe, lèsent considérablement l'activité des détaillants et autres négociants s'acquittant des frais qui leur sont imposés. Un tour dans les quartiers et rues de la capitale de l'Est suffit pour se rendre compte du brouhaha qui prévaut dans les espaces squattés où diverses marchandises sont exposées. De l'ex-Saint Jean au cœur de la médina en transitant par le centre-ville, l'informel bat son plein sous le regard passif parfois des services compétents arguant à chaque occasion la problématique du chômage. La vente des fruits et légumes, des effets vestimentaires… est permise au grand dam des réseaux formels. A cela s'ajoutent les commerçants ambulants qui sillonnent les cités avec des coups de klaxon assourdissants pour marquer leur présence. Malgré la réglementation leur interdisant d'écouler leurs marchandises en dehors des souks hebdomadaires, ces commerçants continuent d'envahir quelques endroits stratégiques où la demande est importante. Au fil des années, la ville des Ponts s'est métamorphosée en un souk à ciel ouvert. Ce n'est pas d'un simple coup de baguette magique que les étals clandestins disparaîtront. Cette hypothèse traduit en partie l'estimation, voire l'ampleur qu'a prise le circuit de l'informel. «Constantine a activé son plan d'action pour lutter contre cette pratique illégale il y a deux années. On a pu circonscrire beaucoup de points. Mais il reste du travail à parachever et cela prendra du temps», explique le directeur du commerce de wilaya, se félicitant du travail entrepris jusque-là. «On a éradiqué trois points de vente assez populeux qui se situent à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, à la cité Daksi et à El Mania. Reste à trouver une issue au marché de Oued El Had», a-t-il confirmé. D'aucuns parmi les responsables que l'on a accostés estimentque l'éradication de l'informel n'est pas pour demain, car il a planté des jalons et a été balisé… C'est la lutte de tous les jours qui devrait venir à bout de ce malaise commercial. Les solutions, somme toute réfléchies, des pouvoirs publics se sont matérialisées en partie par la création de marchés de proximité censés résorber le flux incessant de pseudo commerçants. De fait, c'est à partir d'une étude préalable que la tutelle avait pris l'engagement de recourir à la réalisation et à la réhabilitation des aires de vente. «50% de l'informel se consacre aux fruits et légumes ainsi qu'aux effets vestimentaires.» C'est sur cette base que le ministère a débloqué une enveloppe financière pour apporter une solution primaire qui demeure en attente d'implication optimale. A Constantine, au moins une dizaine d'espaces du genre sont en cours de réhabilitation et d'activation, après une période de statu quo. «Le but principal à travers ces chantiers engagés dans les marchés étant de remette la majorité des marchands dans la pratique légale. Pour ce faire, la wilaya a bénéficié d'une enveloppe financière importante. 950 millions de dinars ont été débloqués pour retaper dix marchés, dont ceux de Aïn Smara, Aïn Abid, Didouche Mourad. Ils seront proposés à la concession une fois les travaux achevés.» D'ores et déjà, les municipalités sont appelées à éplucher les dossiers des souscripteurs. Par ailleurs, le chef-lieu a bénéficié durant le mois de Ramadhan de l'ouverture de deux marchés de proximité dans les cités Fadila Saadane et des Martyrs. Sur un autre registre, les gestionnaires à l'échelle locale appellent à une implication maximale de tous les secteurs influents pour parvenir à alléger un tant soit peu ce phénomène. A ce titre, dira notre interlocuteur, «les présidents des différentes communes devraient asseoir une stratégie pour trouver des issues aux espaces clandestins. Cela devrait se concrétiser par des propositions en élaborant des esquisses et tenter de dégager des assiettes aptes à abriter des marchés». Dans ce contexte, le recensement des personnes actives doit être fiable pour désengorger les sites concernés. L'informel s'estompera au fur et à mesure de l'implication des services pluridisciplinaires. Le rôle des élus locaux n'est pas des moindres dans cette stratégie. Des actions sont recommandées pour circonscrire l'anarchie et assister les opérations engagées par le ministère.