C'est à la cinémathèque d'Oran que le coup d'envoi officiel de la compétition court métrage du 3ème Festival international du film arabe d'Oran (Fifao) a été donné vendredi dernier avec la projection de cinq courts métrages. Des œuvres originales qui témoignent de l'émergence du genre dans le monde arabe. Obsession est le titre du court métrage du jeune cinéaste tunisien Amine Chiboub qui a opté pour le genre de l'absurde. Hadi est un jeune commercial qui découvre un grand bouton à pression derrière une peinture accrochée à son salon. Le jeune homme s'embarque dès lors dans un véritable délire. Il s'imagine un tas de scénarios improbables qui se rattachent tous à ce bouton. L'obsession est abordée par ce mini-film sous toutes ses formes, à commencer par celle entourant le sexe, la guerre et l'argent et cela à travers l'imagination de Hadi. Toutes ses obsessions se joignent et se rejoignent. Le bouton à pression est leur point de convergence qui ne cesse de grandir jusqu'à envahir la raison de Hadi. Le second court métrage à être projeté est le Cordonnier de la Saoudienne Ahd Kamel. Saber est un cordonnier irakien récemment sorti de prison après deux ans de détention à tort chez les forces occupantes. Il retrouve sa femme et son fils dans leur misère habituelle. Mais ayant subi toutes sortes de supplices en prison, Saber s'est renfermé sur lui-même. Honteux, Saber n'ose pas croiser le regard des autres. Il fuit la vie et les hommes. Même sa famille est devenue étrangère. D'une durée de seize minutes, le Cordonnier est superbement bien fait, audacieux et chargé d'émotion. Quant au film Partage du réalisateur libyen Salah Ghuwader, il traite du thème du partage mais dans une perspective très sarcastique. Une famille pauvre possède uniquement une paire de chaussures pour ses deux enfants qui sont obligés de se la passer dans la rue afin d'aller à l'école. Un jour, la ville est bombardée. Les deux enfants sont blessés et amputés d'un pied chacun. Ce malheur résout le problème de la famille, de la manière la plus dramatique. Partage n'a pas d'identité, ni de temps ou de lieu. Il aborde le thème de la pauvreté dans sa dimension universelle. Tourné avec des moyens financiers restreints, le court métrage qui représente la Libye a vivement interpellé le public et cela grâce aux multiples lectures suggérées par cette œuvre. Le réalisateur répondant aux questions des journalistes dira que «de l'oppression et de la pauvreté est née la guerre». Solo du réalisateur émirati Ali Al Djaberi est le quatrième court métrage projeté, qui raconte l'histoire d'un jeune saxophoniste désabusé et incompris. Eprouvant une grande passion pour la musique, le jeune homme sillonne les rues à la quête d'une scène et d'un public. Face à la froideur des gens, il décide de prendre la route en solitaire et de jouer là où son inspiration le lui commandera. D'une durée de treize minutes, Solo souligne toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les artistes, y compris le regard de la société. La Palestine est, elle, présente au 3ème Fifao avec la Première Leçon de la réalisatrice Arine Omari. A travers le personnage de Selma, comédienne de théâtre, la réalisatrice raconte l'exil dont souffrent les Palestiniens, que cela soit chez eux ou ailleurs. Selma s'envole pour Paris en abandonnant tout derrière elle. Lors de son premier cours de français, Selma s'accroche avec ses camarades de classe quand elle se présente et déclare qu'El Qods est la capitale de la Palestine. «J'ai intitulé ce film ainsi parce que il s'agit de ma première leçon en tant que réalisatrice et comédienne en même temps», dira Arine.