Le dernier échec des pourparlers informels entre le Front Polisario et le Maroc n'a pas été sans répercussions sur la partie sahraouie qui s'impatiente de voir l'aboutissement de ces négociations enclenchées en 2007 sans avoir pour autant enregistré la moindre avancée. C'est à travers une lettre adressée à la présidente du Conseil de sécurité, Mme Susan E. Rice, que le représentant du Front Polisario à l'ONU, M. Ahmed Boukhari, a exprimé ses craintes de voir ce processus échouer. M. Boukhari avisera Mme Rice sur le «risque d'effondrement» du processus de négociations avec le Maroc, dont «l'attitude de mépris à l'égard de l'autorité et des résolutions du Conseil de sécurité mine la crédibilité de l'ensemble du processus». Le représentant sahraoui à l'ONU souligne que les résultats de la quatrième réunion des discussions informelles entre les deux parties, tenue vendredi et samedi derniers à Manhasset, près de New York, indiquent clairement que «tout le processus est soumis à un risque sérieux d'effondrement avec toutes les conséquences qui en découlent pour la cohérence de l'engagement du Conseil de sécurité et pour les attentes de toute la région dont la stabilité et la sécurité sont en grande partie liées à un règlement juste et une solution durable à ce conflit de décolonisation». Il expliquera à Mme Rice qu'à l'instar des deux précédentes rencontres informelles de février et novembre derniers, l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, a inclus à l'ordre du jour du 4e round la nécessité pour le Maroc de discuter et d'examiner la proposition présentée par le Front Polisario et vice versa. Cette logique, poursuit-il, est basée sur les résolutions que le Conseil de sécurité a adoptées depuis 2007 en vertu desquelles ce dernier a pris note des deux propositions. Il relèvera, dans ce sillage, que si le Front Polisario «a démontré sa volonté de répondre d'une manière tangible à la demande de l'envoyé personnel», le Maroc a, pour sa part, «réitéré son refus d'examiner et de discuter de la proposition du Front Polisario». En conséquence, «cette attitude négative empêche le processus de négociations de progresser vers une solution politique mutuellement acceptable qui prévoit le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», prévient-il. Dans la lettre adressée à la présidente du Conseil de sécurité, M. Boukhari indique que «les perspectives du processus de négociations ne sont pas très prometteuses malgré les efforts et les idées novatrices de l'ambassadeur Christopher Ross». «Bien que les deux parties aient convenu de poursuivre les pourparlers en janvier et mars 2011, l'attitude d'obstruction affichée par le Maroc, son mépris vis-à-vis de l'autorité et des résolutions du Conseil de sécurité et son mépris pour la valeur des droits de l'Homme minent la crédibilité de l'ensemble du processus», regrette-t-il. En conséquence, le représentant sahraoui a également avisé Mme Rice que «le Conseil de sécurité devrait être conscient des risques entourant le processus des négociations et devrait prendre les mesures nécessaires pour empêcher son effondrement ou son utilisation par la puissance occupante comme un bouclier pour consolider son occupation illégale du territoire». Par ailleurs, M. Boukhari a fait part à Mme Rice que «les récents événements tragiques, qui ont eu lieu le 8 novembre à Gudeim Izik et la vague de répression et de persécution contre les civils sahraouis ayant suivi l'opération brutale de démantèlement ont mis en évidence l'absence contre-productive et injustifiable d'un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme dans le territoire». L'expulsion systématique des journalistes et des observateurs internationaux ainsi que les restrictions imposées à la liberté de mouvement de la Minurso dans le territoire, soutient M. Boukhari, «sont des preuves des intentions du Maroc de poursuivre sa politique de violation des droits de l'Homme sans présence de témoins». «Pour l'Organisation des Nations unies, le Sahara occidental est un territoire non autonome sur lequel le Maroc n'a aucune souveraineté, ni puissance administrante dans le sens exigé par la charte des Nations unies», rappelle-t-il dans sa lettre. Dans ce sillage, il souligne que «les événements qui ont eu lieu dans le territoire nécessitent une enquête impartiale et transparente par les organismes internationaux en vue de connaître la vérité, le Maroc ne pouvant prétendre être à la fois juge et victime à l'égard de ces événements tragiques». A rappeler que le coordinateur sahraoui avec la Minurso, M. M'hamed Khaddad, avait prévenu que «la tenue des rencontres informelles de janvier et de mars prochains ne doit pas être utilisée par le Maroc comme prétexte lui permettant de gagner du temps, et ce, au détriment de la solution au conflit du Sahara occidental». Dans ce sillage, il avait soutenu que, lors de sa prochaine réunion consacrée au Sahara occidental prévue en avril prochain, le Conseil de sécurité est appelé «à assumer ses responsabilités en exigeant de la partie récalcitrante, à savoir le Maroc, de négocier d'une manière sérieuse et sans pré-conditions» pour appliquer les résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental et accélérer le processus de décolonisation. G. H.