Ce qui était redouté par le secrétaire général de l'ONU et son envoyé personnel au Sahara occidental, à savoir un échec des négociations, a fini par se produire avec le refus de la délégation marocaine de discuter d'autre chose que l'autonomie, rejetant même les mesures humanitaires de confiance proposées par le facilitateur onusien. Hormis un accord “entre les parties pour explorer l'instauration de visites familiales par voie terrestre qui viendraient s'ajouter au programme existant par voie aérienne”, comme annoncé par Peter van Walsum, l'envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, aucune avancée n'a été enregistrée à l'occasion de ce quatrième round des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Cela entre dans le cadre du programme supervisé par le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) d'échange de visites entre familles sahraouies des camps de réfugiés et des territoires sahraouis occupés depuis 1975 par le Maroc. Les deux parties se sont séparées sur un engagement de ce rencontrer pour un cinquième cycle de pourparlers, toujours à Manhasset, sans pour autant en fixer la date. Les discussions se sont limitées, selon le communiqué du centre des nouvelles des Nations unies, “sur la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité relatives au différend entre le Maroc et le Front Polisario. Des sujets thématiques comme l'administration, la justice et les ressources ont également été abordés”. La même source ajoute que “des représentants des pays voisins – Algérie et Mauritanie – étaient également présents aux cérémonies d'ouverture et de clôture, et ont été consultés au cours des négociations que les représentants des deux partis, le Maroc et le Front Polisario, ont accepté de poursuivre lors d'une prochaine réunion dont la date sera déterminée d'un commun accord”. Selon Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario auprès des Nations unies et membre de la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset, “il n'y a pas de progrès substantiel sur une solution définitive et juste du conflit, à cause de la traditionnelle intransigeance du Maroc”. Il ajoutera que “les propositions de l'envoyé personnel sur les mesures de confiance ont été acceptées dans leur intégralité par le Front Polisario, mais refusées par le Maroc”. Ces mesures “portent sur l'échange de délégations politiques de haut niveau entre les deux parties, le déminage et la constitution de commissions mixtes militaires entre le Maroc et le Front Polisario, pour assurer, entre autres choses, le respect du cessez-le-feu” en vigueur depuis septembre 1991, a expliqué Boukhari. À travers cette position, le Maroc qui refuse de négocier, voire même de reconnaître à son vis-à-vis le statut d'interlocuteur, va à l'encontre des dispositions des résolutions 1754 (2007) et 1783 (2007) du Conseil de sécurité de l'ONU, qui reconnaissant au Front Polisario la position de partie au conflit, donc d'interlocuteur direct. Pour rappel ces résolutions appellent les deux parties au conflit à négocier “de bonne foi” pour aboutir à une “solution politique mutuellement acceptable, qui respecte le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination”. Il n'en demeure pas moins que comme lors des trois précédents rounds, le royaume alaouite a refusé de discuter d'autre chose que de son plan d'autonomie, position allant à l'encontre des résolutions du Conseil de sécurité, qui a appelé les deux parties à négocier “sans conditions préalables”. Cela est confirmé par Chakib Benmoussa, le chef de la délégation marocaine, qui a déclaré dans une conférence de presse à l'issue des négociations : “Le choix n'est pas entre l'autonomie et l'indépendance mais entre l'autonomie et le statuquo.” En plus clair, Rabat veut imposer son plan d'autonomie ou maintenir le statu quo avec tout ce que cela impliquerait pour la région. Dans ce cas-là, la négociation n'a pas lieu d'être. K. ABDELKAMEL