Photo : Riad Par Samir Azzoug Attention danger. Une épidémie appelée émeute touche la rue algérienne depuis quelques années. Le véritable dialogue social étant rompu, le recours à l'agitation populaire avec son lot de destructions, de dégâts, de traumatismes et d'atteintes à l'ordre public prend des proportions inquiétantes. Cette année, près de 113 000 interventions pour maintien de l'ordre public sur réquisition des autorités administratives locales ont été enregistrées par les services de police sur le territoire national. Les six premiers mois de l'année 2010, ces services font état de 1 632 troubles. Sur près de 900 interpellations, 360 personnes ont été traduites en justice, dont 144 écrouées. Des peines de prison allant de six mois à deux années ont été prononcées. Des peines qui ne sont pas arrivées à calmer les ardeurs. Pour une route défoncée, une coupure d'eau ou d'électricité, l'éradication d'un marché noir ou d'un bidonville ou simplement pour une rencontre de football, l'émeute démarre au quart de tour. A croire que toute la société est sur le qui-vive. Les routes sont coupées, les biens publics saccagés, les véhicules détruits. Les affrontements avec les forces de sécurité se font de plus en plus violents. Dès qu'une agitation se fait sentir, des hordes de jeunes loubards investissent la scène pour envenimer la situation. Avec des objets contondants, des blocs de pierre et des cocktails Molotov, ils jouent au chat et à la souris avec les forces antiémeute. Cette situation ne peut plus durer. Car, à la longue, cette manière «anti-civique» de manifester son mécontentement pourrait, à terme, conduire vers une véritable guerre des rues. Favorisant ainsi le recours à ce genre de violences entre bandes organisées et entre celles-ci et les forces de l'ordre pour la création de zones de non-droit. Cela s'est vu à Londres au début des années 1980 et en France dernièrement. S'il est important de condamner le recours systématique à l'émeute, il est aussi urgent d'en comprendre les raisons. Essentiellement, ce sont les sentiments d'injustice et le manque d'écoute et de prise en charge des doléances des citoyens qui constituent le carburant de ces révoltes. A l'impression de mépris, on répond par la violence.