Photo : M. Hacène Par Salah Benreguia Rien n'est plus merveilleux que de passer un moment à écouter le troubadour de la chanson kabyle Lounis Aït Menguellet. Il en a subjugué plus d'un lors des deux galas qu'il a animés jeudi dernier et hier à la salle mythique Atlas à Alger. Les deux concerts ont fait salle comble. En effet, Aït Menguellet a drainé, comme à l'accoutumée, la grande foule. Il a rassemblé, l'espace de trois heures, plusieurs générations de ses admirateurs. Du grand-père ou de la grand-mère aux petits-enfants. Une belle image ! Si Lounis a su faire vibrer toute l'assistance, il a magistralement remonté le fil des années. C'est vers 19h30 que cette même assistance, assoiffée d'une poésie forte et dense, d'un style musical sobre et beau, a accueilli comme il se doit son idole. Elle lui a fait un triomphe à son entrée sur scène, l'a écouté attentivement quand il s'est exprimé, énormément apprécié quand il l'a transportée dans ce monde de rêve qu'il chante. L'auteur de l'immortel JSK souhaita la bienvenue à tous, oubliant presque que c'est lui l'invité de toute cette foule. Ainsi, l'homme au verbe incisif et aux textes frappés de bon sens inaugura cette soirée par sa célèbre chanson Thaltiam dhi laamriouw (trois jours dans ma vie). Une chanson à texte magistralement composée. Puis suivent les chansons dites d'amour telles que Ouryissadja (ne me laisse pas), rappelant à coup sûr Ne me quitte pas de Brel, Svar ayouliw (aie la patience mon cœur) ou Ourdjigh mazal (j'ai attendu). Des chansons d'amour très appréciées par le public. D'ailleurs, où peut-on trouver ce beau cliché, celui de voir une vieille dame et sa petite-fille reprendre en chœur les œuvres du chanteur, si ce n'est uniquement chez celui que Kateb Yacine a qualifié de plus grand poète actuel ? Il est vrai qu'en écoutant le ciseleur du verbe, on se sent caressé, bercé dans l'univers multicolore de ses chansons d'amour. L'homme à la moustache turque a également émerveillé son public par d'autres morceaux pleins de sagesse et de philosophie, tels que l'immortel Ammi. Un poème plein de philosophie interprété par Lounis et son fils Djaafar. Un poème inspiré de la célèbre recommandation de Machiavel, écrit en langue kabyle durant le début des années 80 en l'espace d'une… demi-heure, selon son auteur. La deuxième partie de son gala de jeudi dernier a été consacrée, par son auteur, à son dernier album intitulé Tawrikth tachebhant (le syndrome de la feuille blanche) dans les bacs depuis l'été dernier après cinq ans d'absence. Dans cet album, Aït Menguellet n'a pas dérogé à son idéal car certaines de ces chansons traitent de la liberté et surtout du désarroi de la société. Dans Lvghi bwul (le souhait du cœur), Da Lounis explique toutes les belles choses que désire notre cœur ainsi que les mauvaises qu'il veut bannir à tout jamais. Là, le public, toujours attentif aux paroles, s'en abreuvait pleinement. Et à la fin de chaque chanson, Aït Menguellet est remercié par un tonnerre d'applaudissements. Une ambiance festive et chaleureuse régnait à l'Atlas, la plus grande salle d'Alger, car il a chanté ce qui vient des profondeurs de l'âme. Dans une déclaration à la presse en marge de cette rencontre, Lounis Aït Menguellet, avec sa timidité légendaire, a indiqué que «c'est toujours un plaisir de se produire à la salle Atlas d'Alger, car c'est depuis l'Atlas qu'j'ai commencé à fréquenter, à partir des années 1970, les grandes salles mondiales». Du côté du public, le souhait de voir la salle Atlas renouer avec ce genre de spectacle est clairement affiché. «On ne doit pas fermer ce genre de salle, car elle offre, entre autres, toutes les commodités», nous a déclaré Kamel, un Kabyle algérois venu avec toute sa famille.