Le camp d'Alassane Ouattara, président ivoirien reconnu à l'extérieur, a exigé une mission de la Cour pénale internationale CPI pour enquêter sur des violences commises par le camp de son rival Laurent Gbagbo, ayant fait 173 morts en cinq jours. Selon l'ONU, entre le 16 et le 21 décembre, il est enregistré «173 meurtres, 90 cas de tortures et de mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées» en Côte d'Ivoire. L'organisme onusien dénonce dans un rapport «l'usage excessif» de la force par le camp Gbagbo. Après son rapport, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté une résolution dénonçant les exactions et condamnant le régime en place. La présidentielle du 28 novembre a plongé la Côte d'Ivoire dans l'instabilité totale. Le pays se retrouve dans une impasse inextricable. La victoire de Ouattara a été prononcée par la Commission électorale et reconnue à l'étranger, mais invalidée par le Conseil constitutionnel qui a proclamé président le sortant Laurent Gbagbo. Le statu quo perdure et le risque d'embrasement est à son comble. A Abidjan, la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire est sous pression. L'Onuci a indiqué avoir été empêchée par les forces armées loyales à Gbagbo d'enquêter sur l'existence éventuelle de charniers. Laurent Gbagbo accuse la mission de soutenir de façon ostentatoire le camp Ouattara et réclame son retrait du pays. Une semaine après la répression par les forces pro-Gbagbo d'une marche avortée des partisans d'Ouattara sur la télévision d'Etat, une manifestation pro-Gbagbo est prévue le 29 décembre à Abidjan. Le camp Ouattara en appelle à la justice internationale. Le Premier ministre ouattariste Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), exige que «tous ceux qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre» dans les violences du 16 décembre «soient transférés à La Haye». Les appels à employer les moyens militaires sont de plus en plus exprimés. Soro exhorte le monde à employer «la force» pour déloger Laurent Gbagbo. Un éventuel renforcement des effectifs de l'Onuci (près de 9 000 hommes) serait à l'ordre du jour. L'ONU qui veut éviter «une guerre civile» dans le pays, a opposé une fin de non-recevoir à la demande de Gbagbo. Le retrait des troupes de l'ONU d'une Côte d'Ivoire au bord de l'explosion ne ferait qu'exacerber la crise. Outre le soutien de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) Ouattara avait remporté mercredi dernier une autre victoire. La reconnaissance par l'ONU de l'ambassadeur qu'il avait désigné. Soumis à des sanctions occidentales allant crescendo, Laurent Gbagbo semble de plus en plus isolé. M. B.