Le recensement économique, qui sera réalisé en 2011, est perçu comme une action d'envergure qui touchera tous les segments de l'économie nationale. Cette action, la première du genre depuis l'indépendance du pays, sera l'occasion importante et décisive de connaître d'une manière détaillée les différents créneaux d'activité de cette économie gangrenée par l'informel. Outre les secteurs déjà en activité régulière, certains segments sont méconnus et activent même dans la discrétion totale, si ce n'est pas dans l'illégalité, ce qui rend ce recensement - un impératif dicté par le temps - important. S'exprimant récemment sur le sujet, le ministre de l'Intérieur, M. Ould Kablia, a affirmé que «l'enjeu consiste à établir une banque dynamique de données de tous les paramètres et indicateurs de notre économie tant dans sa structure physique, ses moyens humains, financiers et matériels que dans le fonctionnement et le savoir-faire des entités, toutes activités confondues, qui composent notre patrimoine». Pour lui, «cette connaissance est indispensable aujourd'hui pour infléchir tout investissement dans le sens des orientations du président de la République qui visent à donner à la vitalité à notre économie par le développement de notre production et la création de richesses durables et d'emplois pérennes». A ses yeux, «toute vision prospective, tout schéma directeur se déclineront, à l'avenir, à partir du travail qui sera engrangé par les équipes qui vont être mises en place graduellement à partir de cette première réunion». Le ministre, pour rappel, a procédé récemment à l'installation du comité national du «recensement économique 2011». De son côté, le ministre de la Prospective et des Statistiques, Hamid Temmar, n'a pas caché que les résultats de ce recensement auront un impact positif sur les politiques «économiques et permettront de développer un certain nombre d'instruments de gestion macroéconomiques qui manquent cruellement à la nation». S'exprimant sur la question, le premier responsable de l'ONS a précisé que cette opération a pour objectif la constitution d'un répertoire «exhaustif, fiable et actualisé» des personnes morales et physiques, ainsi que des entités administratives et associatives qui permettront de disposer d'une base de sondages pour l'ensemble des enquêtes auprès des entreprises et le suivi et la maîtrise des paramètres et indicateurs des différents secteurs d'activité, hors agriculture. Elle permettra, en outre, la révision des pondérations pour les différents indicateurs de mesure de l'activité économique, ainsi que l'élaboration des comptes sectoriels pour la comptabilité nationale. Quant au déroulement de l'opération, la même source a évoqué deux phases distinctes. Les moyens sont déjà en place La première consiste à dénombrer, via un balayage systématique, l'ensemble des entités de toutes les activités et tous les secteurs juridiques confondus en vue de mettre en place un fichier général des entreprises et établissements. Pour la deuxième phase, elle vise à réaliser une enquête approfondie, permettant de répondre aux besoins et préoccupations en matière d'informations économiques. «Nous prendrons un échantillon d'entreprises que nous allons enquêter sur la base d'un questionnaire pour la collecte de l'ensemble des données physiques et comptables», a expliqué le DG de l'ONS pour qui «cette phase du recensement nous permettra de répondre aux besoins en matière d'informations économiques et de disposer ainsi d'une description adéquate de notre paysage économique». Cette opération est perçue à l'ONS comme une occasion de diffuser la culture du chiffre qui est relativement absente dans notre société, appuie le premier responsable de cet organisme. Il est utile de rappeler qu'un décret exécutif a fixé les conditions générales de préparation et d'exécution de ce recensement. Les pouvoirs publics, qui admettent la nécessité d'informations et de statistiques crédibles concernant le secteur économique, comptent recueillir des données statistiques relatives à l'activité économique, des opérateurs du secteur privé, des PME, à l'exécution des contrats, des marchés et des accords-cadres d'une manière générale. Et pour cela, plusieurs organes seront mis en place : un comité national, des comités de daïra et des comités de commune, ainsi qu'un comité technique opérationnel. Le comité national, selon le décret, est chargé d'arrêter et de suivre le plan de déroulement des opérations de recensement économique, d'étudier et d'arrêter l'ensemble des mesures et actions à même d'en assurer le plein succès. Il est aussi chargé de fixer la date du lancement du recensement économique et sa durée, de coordonner et de suivre les travaux des comités de wilaya. Il sera constitué de représentants des ministères de l'Intérieur, de la Défense, des Finances, du Commerce, de l'Aménagement du territoire, de l'Energie, des Travaux publics et de l'Agriculture. Le secrétariat du comité national est assuré par le directeur général de l'Office national des statistiques. Quant au comité de commune, il est chargé de coordonner l'exécution des opérations de recensement économique et de veiller à leur bon déroulement au niveau de la commune. Pour les effectifs, 61 responsables statistiques de wilaya, 2 000 délégués communaux, 3 500 agents recenseurs, 1 000 contrôleurs seront mobilisés pour l'opération, en plus d'une bonne partie des effectifs de l'ONS. S. B.