Les fonctionnaires de la police nationale bénéficieront à compter du 1er janvier 2011 d'une augmentation de 50% de leurs salaires, avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008, à l'instar des autres fonctionnaires de la Fonction publique dont les statuts ont été approuvés et signés par le gouvernement. L'annonce de cette augmentation a été faite par le premier responsable de ce corps constitué, Abdelghani Hamel, qui était hier l'invité de la rédaction de la Chaîne III. Il a quelque peu détaillé le nouveau statut particulier de la police, lequel vient amender celui de 1991 qui ne répondait plus à l'évolution de ce corps de sécurité. «[…] A l'époque, le pays comptait 50 000 policiers. Aujourd'hui, l'effectif a plus que triplé», a-t-il souligné. Il a indiqué que dès son arrivée à la tête de cette institution, il a tenu à réexaminer le statut élaboré du temps du défunt Ali Tounsi ; il en a fait une priorité dans le but d'améliorer en urgence la situation socioprofessionnelle des policiers. Le décret relatif au statut particulier signé le 22 décembre par le Premier ministre «introduit une filière unique des différents corps de la police à même d'affirmer la chaîne de commandement et les règles de discipline et de responsabilisation à tous les niveaux ainsi que la précision des missions et des tâches», a-t-il ajouté. Le décret institue de nouveaux grades au niveau des corps de sécurité. «Un nouveau système a été mis en place pour mieux mesurer les rendements et encourager les plus méritants.» Outre le statut particulier, les fonctionnaires bénéficieront d'un régime indemnitaire non moins conséquent qui se traduit par des primes de rendement, de risque, de zone et d'astreinte policière. Des indemnités allant de 30 à 90%, selon la nature de la prime. Abordant le volet de la formation, le patron de la police a indiqué que, dorénavant, les élèves officiers achèveront leur formation à l'Académie interarmes de Cherchell. Avec cette précision que la durée de la formation passera de 9 mois à 2 ans. En prime, des formations spécialisées qualifiantes dont seront tributaires les promotions dans le grade et dans la fonction. Il s'agit également d'introduire de nouvelles matières liées aux nouvelles formes de criminalité accompagnées de méthodes pédagogiques novatrices. Et l'ex-patron de la Garde républicaine de trancher : «Je préfère une formation qualifiante à une formation diplômante.» Les conditions de recrutement des policiers seront revues : désormais, le postulant au corps de la police devra avoir le niveau de 3e AS au minimum, a-t-il précisé. Le général Hamel a annoncé l'élaboration prochaine d'un code de déontologie qui sera celui d'une «police républicaine, respectueuse des lois et des droits de l'Homme, et crédible aux yeux des citoyens». «Toute faute qui relève du droit pénal fera l'objet d'un dossier disciplinaire ou d'un procès-verbal qui sera transmis à la justice. Le policier sera protégé par l'Etat contre toutes les formes de pression et d'intimidation», insiste-t-il, tout en appelant l'ensemble des policiers à ne pas se soumettre à la pression : «La police doit assumer ses missions en toute neutralité.» Interrogé sur les bavures et les négligences policières, particulièrement celle qui a entraîné le suicide d'un citoyen gardé à vue à Constantine, M. Hamel a rappelé que c'est une faute extrêmement grave. Il ne s'agit pas de bavure ou d'agression dudit citoyen gardé à vue par les policiers, mais de grave négligence et de non-respect du code de procédure pénale qui dispose clairement que lorsque la personne est mise en garde à vue on lui retire tout ce qui pourrait porter atteinte à son intégrité physique. Or, dans ce cas précis, les policiers n'ont pas jugé utile de lui retirer les lacets. Le DGSN a rappelé que deux commissaires, un inspecteur et un officier ont été mis sous mandat de dépôt, tandis que trois agents de l'ordre public ont été placés sous contrôle judiciaire. A propos de la corruption dans le corps de la police, le général Hamel estime que c'est beaucoup plus de la rapine que de la corruption. Il précisera cependant que, depuis qu'il est à la tête de cette institution, il a eu à constater seulement deux cas de corruption et les dispositions nécessaires ont été prises à l'encontre des coupables. «Je lance un appel aux policiers pour dire que l'honneur de la police exige un comportement exemplaire. Les policiers doivent être dignes et s'éloigner des dérives et des dérapages qui peuvent avoir des conséquences négatives sur leur carrière», a-t-il dit en conclusion. F. A.