La dégradation hallucinante du cadre de vie et les agressions de l'environnement de toutes sortes sont courantes et font parties des problèmes d'envergure nationale les plus récurrents. Alger, à l'instar d'autres villes du pays, croupit sous le poids de l'insalubrité, des immondices et détritus en tous genres. La multiplication des actes d'incivisme perturbe la vie quotidienne et crée un sentiment de mal-être profond. Outre la prolifération des décharges sauvages, le problème du non-respect par les citoyens des consignes de dépôt d'ordures à des heures fixes se pose avec acuité. De mauvaises habitudes qui perdurent et se reproduisent dans les cités AADL. Les décharges sauvages poussent, quant à elles, partout. Même à côté des structures de santé. A proximité de la polyclinique d'El Achour, non loin de l'APC, une décharge à ciel ouvert offre un décor bien désolant, sans que cela inquiète les autorités locales ou le service d'hygiène. Les travaux de réfection d'appartements sont une autre source de pollution à cause des déblais abandonnés en toute inconscience sur les trottoirs. Des gens construisent ou font des travaux chez eux et n'hésitent pas à se débarrasser des gravats en les jetant dans la nature. Ce sont des scènes courantes de notre vie quotidienne. Les rares campagnes qui sont menées au nom du principe de gestion des déchets et de la protection de l'environnement ne semblent pas porter leurs fruits. Certes, c'est en premier lieu aux parents que revient le rôle d'éduquer au quotidien leurs enfants dans le respect de l'environnement, à travers des gestes simples, en leur apprenant par exemple qu'il faut jeter les ordures à la poubelle. Mais l'école a également un rôle primordial dans le domaine de l'éduction environnementale. Les lois sur la protection de l'environnement existent, mais il y a tout un monde entre la réglementation et le terrain. Pour beaucoup, il est devenu nécessaire aujourd'hui de sanctionner les dégradations du cadre de vie : l'acte de jeter des ordures sur la voie publique doit être punissable. La réactivation des bureaux d'hygiène communaux (BCH) qui existent dans la réglementation depuis 1987, annoncée l'été dernier par un responsable du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, n'est toujours pas perceptible sur le terrain. L'incivisme du citoyen s'ajoute au laxisme des collectivités locales et des services d'hygiène qui ne font pas leur travail convenablement. Les services d'hygiène ne jouent pas leur rôle dans la sensibilisation des ménages à la propreté. Le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement a prévu de remplacer les décharges publiques par des centres d'enfouissement technique (CET) un peu partout dans les villes algériennes, en vue d'une meilleure protection de l'environnement et du cadre de vie. Mais les CET réalisés jusqu'à présent ne sont pas tous réellement opérationnels, alors que d'autres sont confrontés à un problème de gestion. La question de l'insalubrité de nos villes est devenue préoccupante et figure parmi les priorités des programmes mis en place par les pouvoirs publics. Pour améliorer le cadre de vie du citoyen, le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Chérif Rahmani, a mis en œuvre dès le début des années 2000 le programme national de gestion intégrée des déchets ménagers et assimilés. Ce programme a permis de doter les communes de 908 schémas directeurs de gestion des déchets ménagers et assimilés, de réaliser 100 CET, huit déchetteries et de 348 incinérateurs de déchets d'activités de soins. Il a été également question «d'instaurer de nouvelles formes de management des services de gestion des déchets, de création d'établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic de wilaya) pour la gestion de ces déchets». Des maisons de l'environnement ont été créées et des cycles de formation ont été lancés destinés aux animateurs des «clubs verts» en milieu scolaire, aux Scouts musulmans algériens (SMA) et aux membres d'associations activant dans ce domaine. Par ailleurs, selon le département de l'Environnement, la politique de recyclage et de valorisation des déchets sera poursuivie pour la période 2010-2014. Elle vise des objectifs qualitatifs comme la réduction à la source de la production et, donc, du volume ainsi que celle de la toxicité des déchets. Par ailleurs, la réalisation de l'équipement de nouveaux centres d'enfouissement techniques et la réalisation de déchetteries permettra la réutilisation et leur recyclage à compter de 2010. Le ministère de l'Environnement mise, d'autre part, sur la création des espaces verts et sur la protection de ceux existants, soit quelque 1 795. S'agissant de la mise en œuvre du Plan national de gestion des déchets spéciaux dangereux, il a permis «la réduction des flux des déchets de l'ordre de 10% par an, et ce, à la faveur de la mise à niveau environnementale de 250 complexes et entreprises industrielles, ainsi que la formation de 2 000 délégués environnementaux». Ainsi, pour la période 2010-2014, il est prévu la réalisation de deux usines de traitement de déchets ultimes afin de prendre en charge les déchets industriels dangereux. A ce propos, la cimenterie de Meftah, dans la wilaya de Blida, qui fait partie de la première génération des cimenteries installées en Algérie vient d'être dotée d'un dispositif anti-pollution, avec le soutien d'experts du groupe français Lafarge en vue de «remédier aux problèmes causés par les rejets des poussières dégagées à tous les niveaux de fabrication par le ciment, au même titre que la mise en œuvre des contrats de performance environnementale signés entre la Société de gestion des participations ciments et le ministère de tutelle». Plusieurs cimenteries ont bénéficié de ce système de dépollution, comme celle de Chlef, Béni Saf, Raïs Hamidou, Hamma Bouziane, Hdjar Essoud et Aïn Kebira. A. B.