A force de côtoyer la saleté dans nos rues et ruelles, de la voir, la respirer, on a fini par croire qu'il est normal qu'elle soit là à polluer notre environnement, à détruire notre santé. Nous ne nous rendons même plus compte à quel point elle nous agresse, elle contribue à notre mal-être physique et mental. Jusqu'à quand ? A la ville comme à la campagne, les détritus et autres ordures font partie intégrante du cadre de vie. «On est machinalement attiré par tout ce qui est propre, c'est la preuve que la saleté est la règle chez nous», relève Abdelmadjid, 39 ans, enseignant dans une école primaire à El Biar, dans la wilaya d'Alger. Pour ce défenseur de la nature, l'Algérien a pris l'habitude de se débarrasser de ses ordures n'importe où. «Et il est très difficile de lui faire changer de comportement», poursuit-il. Ainsi, il est très courant de trouver au bas des immeubles mille et un déchets. Idem pour les entrées de certains bâtiments qui ont été transformées en dépotoirs. Les rues de nos villes ne sont pas mieux loties : elles sont hideuses en raison des immondices qui s'y amoncellent chaque jour que Dieu fait et ce, en dépit des efforts consentis quotidiennement par les services de nettoiement. Pour leur part, les bords des chaussées sont le plus souvent envahis par des sachets, des bouteilles en plastique et des canettes de bière. Les marchés ne sont pas en reste : ils ressemblent beaucoup plus à des voiries qu'à des espaces commerciaux. Même constat dans les cafés maures où les mégots cohabitent avec les restes de tabac à chiquer qu'on appelle communément chemma. En cette période de l'année, les plages sont, elles aussi, «ornées» de toutes sortes de détritus. Bref, tous les espaces communs se trouvent dans un état d'insalubrité. Ceci a, entre autres, valu à Alger d'être classée parmi les capitales les plus sales au monde ! Le comble est que cette situation n'émeut pas grand monde : d'aucuns la trouvent «normale». «Après tout, nous ne sommes pas des Européens», vous dira le commun des citoyens en guise de justification. C'est à croire que nous sommes nés pour être sales et condamnés à le demeurer à jamais. Dès lors, des questions s'imposent : comment en est-on arrivé là ? A qui la faute ? Au citoyen qui se soucie peu de l'environnement ou plutôt à l'Etat qui ne déploie pas assez de moyens pour nettoyer ce qui doit l'être ? Que faut-il faire pour remédier à cette situation ? Mettre en place un arsenal répressif ou plutôt sensibiliser la population sur l'importance et la nécessité de préserver l'environnement ?