Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili La scène culturelle constantinoise a bougé en 2010. Elle a même énormément bougé même s'il est vrai que chacun reste en droit d'être convaincu ou non de ce qui a été fait. Autrement dit, considérer que les responsables officiels ou les associations n'ont fait que du remplissage en privilégiant un programme judicieusement étalé dans le temps et bien entendu au détriment de la qualité ou de la nature même des populations à cibler dans le cadre du droit de chacun à accéder au bénéfice d'activités culturelles ou spectacles ponctuels auxquels il souhaiterait assister. Des manifestations et des actions louables Il est vrai que même si bien des Constantinois ont profité des manifestations diversifiées autour de la musique andalouse, du malouf, de la poésie féminine, des hommages rendus à certains auteurs notamment si ce n'est particulièrement ceux qui écrivent en langue arabe, le patrimoine national, local sous toutes ses formes, les activités muséales, les projections cinématographiques (aussi minimes seraient-elles), les mesures prises (très discutables) pour la récupération (notamment la salle ABC) et lor réhabilitation des salles de cinéma, les activités théâtrales au profit des enfants, il n'en demeure pas moins que la quasi-majorité des habitants de la ville des Ponts, ne serait-ce qu'au regard de l'importance de la jeune population, est loin d'avoir obtenu des réponses à ses attentes. La fin de l'année a été clôturée par un festival de rock, un genre musical ostracisé depuis près d'une décennie, serait-il honnête de le souligner, qui a quand même été un véritable cadeau fait à des jeunes sevrés d'un style, voire d'une attitude sociale qu'ils maîtrisent superbement. Il y a eu également le festival Dimajazz mais celui-ci est en train de prendre une forme élitiste non pas sur le plan affectif ou connaissance du genre par les personnes qui y assistent, mais beaucoup plus dans la mesure où il cible quelques centaines de vernis. En somme, exclusivement, une jeunesse dorée. La Cinémathèque algérienne, de son côté, a désigné en cours d'année un conseiller culturel pour relancer les activités de ses deux salles de répertoire et plus particulièrement la salle An-Nasr, laquelle devrait être réhabilitée une deuxième fois, alors que le Cirta serait appelé à bénéficier d'une restauration totale après l'incendie qui l'a ravagé. Soulignons que le ministère de la Culture avait délégué l'une de ses cadres au cours de la même année, mais cela semble plus s'apparenter à de la gesticulation qu'à autre chose dans la mesure où chaque année la salle en question est visitée par une délégation souvent accompagnée «d'un expert» qui prend quantité de photos sans qu'il n'y ait eu de suite depuis au moins une décennie également.Tout cela n'aurait certainement pas eu lieu sans la débauche d'énergie d'un directeur de la culture désigné il y a une année, presque jour pour jour, et dont la première action a été de réactiver un rendez-vous hebdomadaire culturel baptisé «Club du lundi» en «Espace culturel du mardi» élaguant au premier cité sa rigidité, les a priori de ses animateurs et surtout l'exclusion de tout ce qui n'est pas en relation avec la langue arabe ou strictement limité à la littérature et la poésie dans la même langue. Des choix discutables, mais... Les choix de D. Foughali peuvent être discutables, mais ils ont le mérite d'être faits et mieux encore matérialisés sur le terrain. Il en est conscient et il se repose en ce sens sur toutes les critiques qui peuvent être faites sur son action parce qu'il assure «en tirer des enseignements et qui y a-t-il d'anormal ?» nous demandera-t-il au téléphone. En face, il y a une autre entité culturelle qui essaie de faire son bonhomme de chemin et elle y parvient superbement mais il faudrait toutefois préciser que celle-ci place trop haut la barre et c'est pour cela qu'elle est et demeurera un pôle attractif pour la jeunesse. Il s'agit du Centre culturel français dont l'actuel responsable a compris l'enjeu. Il nous avait confié au cours d'un entretien au cours de l'année que son premier challenge était «de cibler sans aucune distinction la jeunesse et surtout de lui proposer ce qu'elle veut et non pas ce que nous voulons…nous». Sur le terrain, cela s'est traduit par un florilège d'activités tous azimuts dont le succès est incontestable.