La révision du code de la route n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement. «Le code de la route (n° 09-03 du 22 juillet 2009, ndlr) est un nouveau-né. Laissons-le mûrir», prône Amar Tou, ministre des Transports, lors de la journée parlementaire sur la sécurité routière organisée, hier, par la commission du transport, de la communication et des télécommunications de l'APN, en collaboration avec le ministère des Transports. Répondant aux sollicitations de certains députés et à la demande à peine voilée du président de l'Assemblée populaire nationale via un message lu par son vice-président Messaoud Chihoub quant à la nécessité «d'actualiser et de réviser de temps à autre» ce code, le ministre rétorque : «Ce code n'est pas une affaire de titres de journaux, ni d'envies de personnes, ni de poids de lobbies.» Cette réponse faisait suite à une longue intervention sur le premier bilan de sécurité routière depuis la mise en application du nouveau code (février 2010). L'argumentation chiffrée est engageante. Diminution du nombre de tués dans les accidents la route de 22,31% par rapport à 2009, soit moins de 1 066 personnes. 3 541 vies se sont éteintes en 2010 contre 4 607 en 2009. Ce qui a induit la baisse de la moyenne quotidienne (mq) de 13 morts en 2009 à 9 l'année écoulée (une chute de 4 pts). Diminution du nombre des blessés de vingt, 49%, soit moins de 13 146. Ils sont 51 002 en 2010 contre 64 148 l'année d'avant. Ce qui aura pour conséquence la réduction de la mq des blessés de 37 pts (139 en 2010 contre 176 en 2009). Ces statistiques encourageantes sont appréciables, entre autres, grâce à une rétrogradation importante du taux d'accidents de la route de 22,23% par rapport à 2009 (soit moins de 9 074 accidents). Leur nombre passe donc de 40 814 à 31 740 et la mq recule ainsi de 25 accidents (de 112 accidents par jours à 87). La série de «bonnes nouvelles» ne s'arrête pas là puisque en plus des vies «sauvées», l'impact sur le Trésor public est significatif. Les accidents de la circulation ont coûté à l'Etat 100 milliards de dinars en 2009. En 2010, les pertes se sont fixées à 79, 25 milliards, soit un «bonus» de 20,85 milliards de dinars. Quant au taux de recouvrement des contraventions, il a atteint le taux appréciable de 89,5% contre un ridicule 8% avant 2009. Le massacre routier est-il en phase d'être maîtrisé à l'orée du code de la route 2009 ? A la lecture du premier bilan, l'espoir est permis. Mais le recul des accidents de la circulation au lendemain de la promulgation de la loi n'est pas un fait nouveau. Déjà en 2005, les responsables se félicitaient du même constat. Une année après la promulgation et la mise en application de la loi n°16/04 du 10 novembre 2004, le bilan 2005 était aussi encourageant. Le nombre d'accidents avait baissé de 10,38% par rapport à l'année précédente. Mais la joie a été de courte durée puisque pour l'année 2006, le massacre routier a repris de plus belle et dans la durée. Cela peut être mis sur le dos du renforcement significatif du parc automobile national qui a enregistré un accroissement de 26% de 1995 à 2006 (3,4 millions en 2006). Ce parc est estimé aujourd'hui à 5,5 millions, selon l'Etablissement national du contrôle technique, et 4 d'après l'Office national des statistiques. Mais d'autres raisons viennent s'y greffer. Le manque d'infrastructures routières, de patrouilles mobiles de police et de gendarmerie, le défaut d'entretien des routes (même si le facteur humain est le plus mis à l'indexe), la défaillance du transport public et d'autres facteurs encore impliquent un travail multisectoriel. Les lois sont faites pour être appliquées, mais elles doivent en même temps être modulables et répondre à des considérations pratiques. Dans le nouveau code de la route, le retrait systématique du permis de conduire engendre des situations invraisemblables qu'il faudra corriger. Particulièrement pour les personnes dont le document permet de subvenir aux besoins de leur famille. Pour le permis à points, une option adoptée de plus en plus à travers le monde, le ministre affirme que le décret exécutif sera soumis prochainement au gouvernement. «Le décret exécutif est prêt. Il est en maturation et sera présenté prochainement au gouvernement», annonce Amar Tou. La question qui reste posée est de savoir comment ce projet peut voir le jour, alors qu'on attend toujours le fichier national des cartes grises et des permis de conduire ? S. A. Le VM Blida repéré, mais pas de contact avec les pirates Le ministre des Transports Amar Tou affirme que le vraquier MV Blida a été repéré dans les eaux territoriales somaliennes. Le bateau battant pavillon algérien, avec à son bord 27 membres d'équipage, dont 17 Algériens, a disparu le 1er janvier 2010. «Nous suivons le navire en temps réel grâce au système Coss [dispositif de veille pour la sécurité des navires]. Nous pouvons avoir toutes les informations sur le navire et son inscription car il est enregistré à travers le monde», affirme Amar Tou en marge de la journée parlementaire sur la sécurité routière. La localisation du MV Blida est permise car, selon le ministre qui parle d'acte de piraterie, ses systèmes de communication n'ont pas été coupés. Mais, pour l'heure, le contact avec les pirates n'est pas encore établi. «Nous n'avons pas de contact avec les auteurs de l'acte de piraterie, parce qu'ils ne communiquent pas», précisera Amar Tou. S. A.