Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa Les habitants d'Alger Plage, Bordj El Bahri, Dergana et Bordj El Kiffan ont vécu une journée d'enfer jeudi dernier. Dans la matinée, rien ne présageait que des violences allaient éclater. Tout le monde vaquait à ses occupations quotidiennes. C'est vers 11h00 précises que l'on apprend que des groupes de jeunes habitant du côté de l'Enita à Bordj El Bahri ont décidé de couper la route menant vers Aïn Taya et celle descendant vers Cap Matifou. Ils ont dressé des barricades de fortune avec des bennes à ordures et des pneus qu'ils ont incendiés. Voyant qu'ils étaient retirés du chef-lieu de la commune, ils décident d'occuper le grand boulevard de Bordj El Bahri non sans s'attaquer au petit bureau de poste. Armés de barres de fer et de couteaux, ils ont battu le pavé jusqu'au niveau du commissariat mitoyen de l'agence d'Algérie Télécom - dont le directeur, craignant pour la vie des employés, l'a fait évacuer - avant de prendre une ruelle qui menait vers Alger Plage pour y couper la route en utilisant les mêmes procédés. Dès lors, plus aucun véhicule ou bus ne s'y hasardait. Les voitures en stationnement n'ont pas échappé aux actes de vandalisme de ces groupuscules qui n'étaient d'ailleurs porteurs d'aucun slogan qui pouvait justifier l'occupation de la rue. Quand ils se sont retrouvés à court de pneus, ils se sont attaqués aux véhicules à l'arrêt et s'en sont donné à cœur joie en les délestant de leurs roues. A Dergana, les violences avaient commencé dès mercredi soir, toujours avec les mêmes procédés. Véhicules incendiés, barricades, coupure de route. A Benzerga et Harraga, les bus étaient interdits de poursuivre leur chemin vers «Kahouat Chergui». Les chauffeurs étaient contraints de libérer les passagers qui ont dû regagner leurs domiciles à pied (4 km). Mais c'est sur la route de Bordj El Kiffan que les choses dégénéraient sérieusement. Devant le commissariat du quartier Doum, les jeunes ont dressé des barricades à l'aide de blocs de béton. Armés de barres de fer, ils s'en sont pris aux automobilistes, dont nous-mêmes, qui avons d'ailleurs dû notre salut à l'intervention d'un citoyen d'un certain âge apparemment craint par les émeutiers. D'autres jeunes s'étaient armés de glissières et de barres de fer impressionnantes et, à bord de motos Vespa, ils menaçaient les citoyens. Il n'y a pas eu d'échauffourées avec les services de sécurité qui ont brillé par l'absence d'intervention. A Belfort, au quartier Bouaama, sanctuaire du commerce des téléphones portables, les commerçants ont pris leur précaution, apparemment informés de ce qui allait se passer. Dès mardi soir, avant même que les émeutes n'éclatent, ils ont vidé les locaux de leurs produits. Hier, après la prière du vendredi, les violences ont repris à Bordj El Bahri et Bordj El Kiffan. Il faut préciser que ces violences n'ont pas eu l'assentiment de la population, médusée. Les gens se sont enfermés chez eux, nos sans dénoncer ces actes de violence contre des biens et des personnes qu'aucun malvivre ou malaise social ne peut justifier.