Une bagarre générale a éclaté avant-hier après la rupture du jeûne à la cité de Dergana, une commune de l'est d'Alger. Elle a fait plusieurs blessés dont l'un se trouve dans un état comateux. La violence urbaine ressurgit en ce mois sacré de Ramadhan. La violence nous parvient cette fois-ci de Dergana, une cité populaire relevant de la commune de Bordj El-Bahri, à l'est d'Alger. Ce qui s'est passé avant-hier dans cette paisible ville connue par son extension urbanistique anarchique digne des films d'horreur hitchcockiens est d'une extrême gravité. Hier matin, nous nous sommes déplacés pour constater si le quartier a renoué avec le calme et si les gangs rivaux ont enterré la hache de guerre. Arrivés sur les lieux, tout paraissait calme en cette matinée de mardi et rien n'indiquait qu'une bataille rangée à l'aide de chaînes et de barres de fer a eu lieu entre des groupes de voyous. Pourtant, la ville de Dergana ressemblait à un véritable champ de bataille entre bandes rivales. Le bilan est lourd. Plusieurs blessés dont un se trouve toujours dans le coma. Ce genre d'incidents est devenu récurrent dans cette localité où règne la loi du plus fort. L'Etat est absent et les habitants de cette petite cité interpellent les pouvoirs publics pour que cessent à jamais les actes de violence qui ont repris de plus belle ces dernières années. “Ici, chaque jour que Dieu fait, il y a une bagarre qui éclate entre les jeunes du quartier pour un oui pour un non, et ce, au vu et au su de tout le monde. Dans ce quartier, c'est la loi du plus fort qui prime. Ce sont les gros bras qui font la loi ici, il y a beaucoup de hogra et beaucoup de dépassements. les habitants vivent le stress et l'inquiétude au quotidien”, affirme un père de famille dont le fils a été victime d'une agression la veille. Avant d'avertir que si rien n'est fait, l'irréparable risque de se produire. D'autres témoignent de cette nuit de violence. “Des voitures ont été saccagées et des blessés sont à déplorer”, ont-ils affirmé avant de donner des détails sur le déroulement des évènements. “Tout a commencé lorsqu'un vendeur de bananes a agressé un enfant, ce dernier est allé se plaindre à un jeune du quartier. Une rixe entre les deux jeunes s'en est suivie et il a fallu l'intervention des voisins pour séparer les antagonistes. Juste avant la rupture du jeûne, le vendeur de bananes, qui habite la cité DNC, ramène avec lui ses frères et ses voisins et se dirigent tous vers la cité Carrière, c'est-à-dire la cité où habite le jeune qui a défendu l'enfant. Armés de chaînes en fer, de bâtons et même d'épées, ils ont pénétré la cité et commencé à crier et à proférer des insultes et des injures à l'encontre des locataires du quartier. Après un échange de mots mal placés, chaque groupe a regagné sa demeure”. Mais les choses ne s'arrêtent pas là malheureusement. Ainsi, juste après le f'tour et la prière des tarawih, les habitants de la cité Carrière reviennent pour se venger. À leur tour, ils se dirigent vers la cité DNC. C'est là où la situation connaîtra de graves dérapages. Les deux bandes armées de bâtons en bois, de chaînes et d'épées se battront jusqu'à une heure tardive de la nuit, faisant de nombreux blessés dont certains sont dans un état grave. “Il y a eu deux blessés graves à la cité Carrière, l'un a été touché à la tête et a été transporté dans un état comateux à l'hôpital de Aïn Taya, avant d'être transféré à l'hôpital Zmirli. Son état est très critique. Un autre a eu le bras cassé et des points de suture à la main”. Les deux camps se disent victimes, s'accusant mutuellement de dérapages. Les services de police se sont déplacés sur les lieux, mais aucune arrestation n'a été opérée. Les habitants, qui dénoncent le laisser-aller de l'Etat dans l'instauration de l'ordre, évoquent également la responsabilité des parents dans la dégradation des mœurs et de l'éducation de leurs enfants.