Photo : Riad Par Samir Azzoug Les émeutes ont repris hier après-midi à Belouizdad. A 14h30, des dizaines de jeunes ont fait face à un dispositif d'anti-émeute mis en place par la police. Sagement alignés sur les trottoirs, les jeunes semblaient davantage mus par un désir de satisfaire leur curiosité que par une véritable envie d'entrer en clash avec les forces de l'ordre. Comme si un signal a été donné, en quelques minutes, la situation dégénère. Sur la gauche du dispositif policier, du côté du Monoprix de Belouizdad, les premiers projectiles et les cris fusent. Riposte immédiate des forces anti-émeute. Des tirs de bombes lacrymogènes répondent aux projectiles divers lancés par les émeutiers. De l'autre côté, des dizaines de jeunes regardent tranquillement la scène. Des blagueurs font valoir leur sens de l'humour. «C'est de la faute de Saadane. S'il avait vaincu les Américains, on n'en serait pas là !» crie l'un deux provoquant l'hilarité dans l'assistance. Mais la rigolade ne dure pas longtemps. Quelques minutes plus tard, le groupe se renforce et commence à provoquer les forces de l'ordre. Une première pierre est jetée. Puis une seconde et plusieurs autres. La police prise ainsi en sandwich réplique. En premier lieu avec des pierres, puis en lançant des bombes lacrymogènes. Dès les premiers nuages de gaz, des dizaines de personnes, dont la majorité constituée de «petits» jeunes, affluent par les ruelles. Pierres et autres barres de fer en main, ils accourent. «Aujourd'hui, on va piller le magasin de Nounou», hurle un petit «caïd» à ses acolytes. Dès qu'ils aperçurent les casques des policiers, ils les prennent pour cible. Des personnes plus âgées et des vieux du quartier les interpellent par leurs noms pour les calmer. «Mais qu'est-ce qui vous prend ? Vous êtes malades. Aller, rentrez chez vous !» invective un trentenaire qui n'arrive pas à les dissuader d'entrer en conflit avec les forces antiémeute. «Ils s'attaquent aux biens des pauvres citoyens. C'est triste. Pourquoi brûler un véhicule et saccager un magasin ? Ce n'est pas comme cela qu'on fera avancer les choses. Ce sont des petits jeunes oisifs qui ont pris l'habitude de ces émeutes. D'ailleurs, la première chose qu'ils font, c'est de détruire les caméras de surveillance mises en place récemment. Ils sont forgés à l'art de l'émeute», regrette un vieil homme. Dans cette situation, la rumeur accentue le sentiment d'insécurité. Dans la rue, chacun informe son entourage de la «carte des émeutes» en temps réel. Le téléphone est devenu un outil d'échange et de «motivation» pour ses jeunes émeutiers. C'est la surenchère.