Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub Après cinq jours d'émeutes, quatre morts, 800 blessés et plus d'un millier d'interpellations, le ministère du Commerce, par la voix du conseiller de son premier responsable, M. Farouk Tifour, a indiqué hier à l'APS que les textes d'application des lois relatives aux pratiques commerciales et à la concurrence, adoptés en juillet dernier, «entreront probablement en vigueur au cours du deuxième trimestre de cette année». Des textes de lois qui, en régulant les prix et en plafonnant les marges bénéficiaires, auraient évité au pays le tsunami de colère et des milliards de dinars de dégâts. Ce mécanisme de régulation durable des prix aurait également évité au gouvernement de reculer en ajournant des mesures adoptées. Ainsi donc, «probablement» au cours du mois d'avril prochain, les prix des produits de large consommation, dont le sucre et l'huile, seront «régulés» par l'Etat. Ce dernier pourra ainsi «intervenir à travers trois principaux instruments que sont le plafonnement, la fixation et l'homologation des prix de certains produits alimentaires et industriels» afin d'«éradiquer toute forme de spéculation à l'origine d'une flambée injustifiée des prix», a expliqué M. Tifour. Cette intervention va concerner un panier de produits de large consommation dont le contenu sera défini par les ministères du Commerce, de l'Agriculture et de l'Industrie. Les agents économiques concernés par la vente de ces produits seront «obligés de déposer les structures des prix de leurs marchandises et services et de respecter les marges de bénéfices qui seront fixées par l'Etat», a-t-il encore expliqué, rappelant que les sanctions à l'encontre des contrevenants à ces nouvelles règles seront «sensiblement durcies».Revenant sur la décision exceptionnelle de l'Etat d'exonérer les importateurs et transformateurs de sucre et d'huile, du 1er janvier au 31 août prochain, des droits de douane, de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), dans le but de faire baisser les prix du sucre et de l'huile qui ont connu des augmentations brutales durant ces derniers jours, alimentant d'importantes protestations sociales, M. Tifour a tenu à expliquer que le choix de la date du 31 août était motivé par le «double souci du gouvernement de préparer sereinement les textes d'application des lois sur la concurrence et les pratiques commerciales, et d'éviter la flambée des prix du sucre et d'huile durant le Ramadhan». Il a également soutenu que les prix du sucre et d'huile allaient baisser davantage dès la mi-février. Car le recours de nouveau à l'importation des matières premières entrant dans la transformation de ces deux produits, qui bénéficient de réductions fiscales et douanières, ne se fera qu'à la mi-février, après l'épuisement des stocks actuels. C'est à ce moment-là, à savoir la mi-février, poursuit-il, que les importateurs et les producteurs commenceront à répercuter les nouvelles exonérations fiscales sur les coûts et les prix. Plus explicite, le conseiller de M. Benbada a déclaré que «la baisse attendue dès la fin de cette semaine des prix du kilo du sucre et de 5 litres d'huile de table, respectivement à 90 DA et à 600 DA, n'est pas liée à ces mesures, mais à une intervention financière de l'Etat qui a décidé de payer aux producteurs le manque à gagner engendré par l'application des prix plafonnés». Questionné sur prix de ces produits après l'expiration des huit mois d'exonération, le responsable du ministère du Commerce n'a pas écarté une éventuelle intervention similaire du gouvernement «à chaque fois que la conjoncture l'exige». «Le ministère continuera à observer les prix, et si l'application du nouveau mécanisme de régulation s'avère insuffisante après le 31 août, rien n'empêche le gouvernement d'intervenir une nouvelle fois.» «Ce sera une lutte sans merci contre la spéculation et les pratiques illicites que nous voulons réussir avec le soutien de nos agents de contrôle», a-t-il conclu. Mais comment une lutte peut-elle être menée contre la spéculation si le gouvernement va passer son temps à intervenir ? Quel est l'intérêt de mettre en place un mécanisme de régulation si, avant même son lancement, il est fait état d'un risque de son insuffisance ? L'Etat a-t-il détruit son propre monopole pour devenir otage du monopole des privés ?