La cigarette a toutes les chances de disparaître dans un futur proche, et c'est une banque qui le soutient. En effet, selon une étude de la banque américaine Citigroup, la disparition de la cigarette d'ici quarante ans dans de nombreux pays est une forte probabilité. «Le pourcentage de fumeurs décline actuellement dans les pays développés, et les baisses sont plus ou moins continuelles sur la plupart des marchés. Si ces tendances se poursuivent, la plupart des marchés du tabac seront égaux à zéro en 2050», indique l'étude cité par le quotidien britannique The Telegraph.Citigroup évoque deux autres scénarios possibles, rapporte The Guardian : «Dans le scénario B, au fur et à mesure, de moins en moins de gens arrêtent de fumer et on approche d'un “noyau dur” de fumeurs. Dans le scénario C, la tabagie est jugée de plus en plus inacceptable et devient donc plus facile à réguler : au final, elle pourrait même finir par être interdite.» Les deux scénarios se rejoignent avec le «noyau dur de fumeurs» comme point de jonction. Et à voir les restrictions, taxes et interdictions ciblant de plus en plus et un peu partout dans le monde la cigarette et les fumeurs, on n'est pas loin de croire, si ce n'est à leur disparition, du moins à une forte raréfaction des fumeurs qui deviendront une espèce en voie de disparition. Prophétisant, un professeur américain, fumeur, dira qu'aux Etats-Unis, dans les vingt ans à venir, il sera plus dangereux d'être un fumeur que d'être un serial killer… sans commentaires ! Conséquente, à moyen et long terme, Citigroup a d'ailleurs décidé d'abaisser sa recommandation sur l'activité des principaux cigarettiers britanniques, Imperial Tobacco (marques Gitanes, Fortuna…) et British American Tobacco (marques Dunhill, Lucky Strike…). La banque conseille désormais à ses clients de ne plus acheter de nouvelles actions de ces groupes, mais néanmoins de conserver pour l'instant celles qu'ils détiennent. En France, où l'on compte environ 14 millions de fumeurs, on a célébré hier les vingt ans de la loi Evin. Celle-ci a contribué à une baisse du tabagisme indéniable sur le long terme, mais pas continue. Selon l'Associated Press, «les ventes de cigarettes ont progressé de 2,6% en 2009 par rapport à 2008» et «entre 2005 et 2010, la part des fumeurs quotidiens chez les 15-75 ans a progressé de deux points, leur pourcentage passant de 26,9% à 28,7%». Interrogé par l'agence, le professeur Bertrand Dautzenberg, président de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT), déplore qu'en matière de lutte antitabac «tous les arbitrages [soient] pris en faveur du ministère du Budget contre le ministère de la Santé, avec l'aval de l'Elysée». «Avec le deuxième plan cancer, l'augmentation du prix du tabac a été calculée uniquement pour augmenter les profits de l'industrie et augmenter de 500 millions d'euros les taxes de l'Etat sans diminuer le nombre de fumeurs», déplore-t-il. R. C.