De notre correspondant à Constantine Nasser Haniche Les séquelles des journées de protestation qui ont fait l'actualité, la semaine dernière, planent toujours dans le ciel gris de Constantine. Et pour adoucir l'ambiance lourde qui pèse sur la ville, il n'y a rien de tel qu'une bonne animation culturelle pour redonner espoir à la cité et à ses jeunes mal en point. Certains iront même jusqu'à soutenir que la culture, si on lui avait redonné sa place et son importance au sein de la société, aurait pu jouer le rôle de soupape de soulagement, de dérivatif salvateur.Malheureusement, cette animation fait défaut. La sphère culturelle locale est figée. Les artistes ont laissé leurs pinceaux s'assécher et les musiciens leurs instruments s'assoupir. «La société civile et le cercle des poètes n'ont songé à aucune initiative pour cerner le climat qui prévaut», analyse un citoyen. Les organismes culturels sont restés muets et n'ont pas réagi pour socialiser les arts. Et les rares associations existantes qui, plus versées dans le «social» que dans la promotion de la culture, se sont fait éclipser. Ainsi, comme à l'accoutumée, c'est le programme des officiels qui revient au devant de la scène culturelle locale avec les manifestations habituelles récurrentes qui, souvent, n'attirent qu'une grappe de gens curieux. Yennayer qui a ouvert le bal, officiellement à Ghardaïa et relayé mardi dernier à Constantine, est la preuve de l'indifférence du public. Faudra-t-il débureaucratiser la culture pour qu'elle se diffuse ? Les constantinois aspirent à voir des affiches inédites. L'Office communal pour la promotion des activités culturelles qui a ficelé un cocktail qui, pour le moins, sort des sentiers battus, demeure dans l'expectative et attend une subvention pour amorcer son programme d'action. La cause en est que la municipalité de Constantine est déficitaire et ne peut accorder à cet organisme culturel le budget approprié. En dépit de la demande formulée et entérinée, l'office est mis en veilleuse et son plan culturel qui s'étale sur toute l'année attend toujours d'être entamé. «On espère avoir au moins 40 millions de dinars pour assurer un programme d'animation à plein temps. C'est-à-dire couvrant l'année 2011-2012», nous confie le responsable de l'office, M. Blikaz. Que restera-t-il à la cité en manifestations journalières ? Les budgets de l'Etat sont pourtant là ! Le Théâtre régional de Constantine (TRC) et la direction de la culture de la wilaya sont les plus gâtés. Outre les festivals institutionnalisés par le ministère, les associations désireuses de briller et de casser la monotonie devraient se démener pour trouver des financements et organiser leurs manifestations. Sinon, elles peuvent toujours établir un programme et le présenter à la direction de la culture en vue d'une subvention. Evidemment, rien ne garantit que ce programme soit accepté. Et quand les associations sont hors du coup, il ne restera plus que la direction de la culture et sa grille «stéréotypée». En ce qui concerne les activités des associations locales, faute de moyens et de soutien, elles tentent seules de mener à bien leurs initiatives. Sur un autre chapitre, il importe de mettre en relief la réceptivité qui n'est pas toujours présente dans la cité millénaire. Un concert de rock organisé le mois dernier au palais de la culture Malek-Haddad a donné à voir des scènes «absurdes». Certaines voix, repoussant l'universalité, ont voulu le saborder et ont mis des bâtons dans les roues à des jeunes venus explorer ce genre musical. Pis, une frange de la presse a même interpellé la direction de la culture qui a cédé la salle Malek-Haddad aux organisateurs et a vertement critiqué le quitus accordé aux troupes, car considérant que cette musique n'est pas le propre des us de la ville… Avec de tels comportements, on peut dire qu'on n'est pas près de sortir de la programmation institutionnalisée…