Une semaine après l'éclatement de la crise provoquée par la hausse des prix, place à la recherche des solutions pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens. Tout au long de cette période, le ministère du Commerce a multiplié les sorties pour rassurer les consommateurs sur la prise en charge de ce brûlant dossier et sur l'efficacité des mesures prises à cet effet sur le terrain. Mustapha Benbada, qui est à la tête du ministère du Commerce depuis le dernier remaniement ministériel, en remplacement de Hachemi Djaaboub, a eu du pain sur la planche : des réunions avec les opérateurs économiques intervenant dans les filières sucre et huile et deux conseils interministériels. Si les décisions arrêtées à l'issue du premier conseil sont connues avant d'être largement commentées par les experts, les organisations nationales et la presse, celles fixées jeudi dernier n'ont pas encore été rendues publiques. Ce deuxième conseil devait se pencher sur le parachèvement du dispositif juridique et organisationnel relatif à la régulation des prix et la définition de la marge bénéficiaire des produits de large consommation. En d'autres termes, selon le ministère du Commerce, l'ordre du jour de cette réunion a porté sur l'examen des décrets exécutifs prévus par les lois relatives à la concurrence et aux pratiques commerciales, notamment dans «leur aspect relatif à la définition de la marge bénéficiaire». Il était également question au cours de ce conseil de définir les mécanismes à redynamiser. Cependant, rien d'officiel n'a encore filtré sur les conclusions de cette réunion pourtant fortement attendue, surtout après les divergences signalées entre le ministère et le groupe Cevital sur les prix appliqués et sur les marges bénéficiaires.La répercussion intégrale des taxes supprimées par le gouvernement sur le sucre et l'huile -la TVA et les droits de douane sur les anciens prix du sucre et de l'huile- a eu comme résultat une baisse conséquente des prix de l'huile et du sucre produits par Cevital. Ce qui a fait réagir le ministère du Commerce à travers une mise en demeure adressée à l'opérateur privé, lui demandant de relever les prix. Ce que Cevital s'engage à faire pour l'huile, mais non pour le sucre. Une filière dans laquelle d'autres unités de production interviennent. Il s'agit des raffineries de Mostaganem, Guelma et Khemis Miliana qui sont, faut-il le reconnaître, en difficulté et qui contribuent faiblement à la satisfaction des besoins nationaux en sucre raffiné. Les interrogations sur l'issue du deuxième conseil interministériel s'expliquent aussi par les critiques qu'ont suscitées les mesures du conseil interministériel du 9 janvier par rapport au recul du gouvernement dans la lutte contre le secteur informel. Il est utile de rappeler que les exonérations fiscales et autres mesures permettant aux grossistes de s'approvisionner en produits alimentaires à revendre aux détaillants sans facture et sans registre du commerce, notamment, ne cadrent pas avec les lois relatives à la concurrence et aux pratiques commerciales. Mais qu'en est-il des mesures encourageant la production nationale ? Car, jusque-là, les décisions sont techniques et conjoncturelles. Elles sont également loin de régler le problème de la dépendance de l'Algérie à l'égard des importations. Le système productif national est toujours en panne. A titre illustratif, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, n'a évoqué les possibilités de relance de la production de la betterave sucrière et le développement de la culture des oléagineux que la semaine dernière, c'est-à-dire après le début de la crise. Et dire que les besoins ont toujours été exprimés, alors que les efforts pour réunir les facteurs nécessaires à cet effet ne sont pas au rendez-vous.Pour lever cette situation de monopole qu'on ne cesse d'évoquer ces derniers jours, alors qu'elle a toujours existé, il faudrait encourager l'investissement productif en facilitant l'installation de nouveaux opérateurs, parallèlement à la mise en place de mécanismes efficaces de régulation du marché. S. I.