Photo : Riad Par Karima Mokrani Les soins dentaires sont de plus en plus chers. Les patients s'en plaignent. Les dentistes aussi. Selon ces derniers, les augmentations des prix ne concernent pas seulement le sucre, l'huile et autres produits alimentaires mais aussi les produits de consommation courante dans le domaine de la chirurgie dentaire. «L'année dernière, nous avons subi des augmentations successives des prix des produits (composite, amalgame, anesthésie…) mais le début de cette année 2011, c'était une catastrophe. Les prix sont passés du simple au double… Il faut que les dentistes en parlent», confie un dentiste privé. Quelle est l'origine de cette dernière augmentation ? «Nous n'en savons rien. C'est peut-être au niveau des fournisseurs, des grossistes… Il faut que les services concernés lancent une enquête sur l'origine de cette escalade des prix. C'est le malade qui en fait chaque fois les frais», poursuit le médecin. Ainsi, les patients se font de moins en moins nombreux dans les cabinets privés. Ce n'est pas par perte de confiance dans le médecin traitant mais faute d'argent. «Déjà que nous avons du mal à subvenir aux besoins alimentaires !», lance une dame, la cinquantaine. Pourtant, quand il y a rage de dent, cela ne se calme pas facilement. Et quand il y a négligence et lenteur dans le traitement d'une dent malade, cela donne des maladies, des complications. «Les patients nous interpellent sur les prix mais ce n'est pas de notre faute. Nous sommes vraiment gênés», se plaint un autre chirurgien.L'atteinte au pouvoir d'achat est réelle et, dans ce cas précis, les personnes malades se rabattent, selon leurs propres dires, sur les centres de soins. Malheureusement pour elles, dans ces centres de santé et malgré les dernières rénovations des structures et l'acquisition de nouveaux équipements, les prestations laissent à désirer. «Combien de fois des malades sont retournés dans un cabinet privé pour un soin anodin ?», lance un homme ayant la mauvaise expérience d'avoir fait soigner une dent dans un centre à Alger. «Ils m'ont mal fait l'anesthésie», raconte-t-il. Aussi, dans les centres de santé, racontent d'autres, il n'y a pas de matières premières et les prothèses y sont rarement faites. Autre problème signalé par des dentistes privés à Alger, «la mauvaise qualité» de certains produits : «Nous avons beaucoup de produits et de matériaux de mauvaise qualité. Pas tous mais une grande partie…C'est tout ce qu'il y a sur le marché. Je me fatigue à faire un travail pourtant très facile parce que les tire-nerfs ne sont pas bons. Il m'arrive de perdre toute une plaquette de tire-nerfs pour une seule dent. Une plaquette coûte 600 DA.» Pour ce qui est des autoclaves, imposés depuis quelques années aux dentistes, un privé de Belouizdad indique que ce sont pratiquement tous les cabinets dentaires qui en disposent mais le problème n'est pas là : «Les inspecteurs au niveau du ministère de la Santé ne connaissent même pas la classification de ces autoclaves… Nous pouvons tous les avoir mais sans savoir qu'ils ne répondent pas aux normes». Quelles sont ces normes ? Le médecin répond : «Nous n'avons pas de normes algériennes mais nous suivons celles européennes. Ces normes européennes imposent un autoclave de classe B.» Il faut une législation fixant ces normes et une formation spécialisée pour les gens chargés de contrôler les cabinets dentaires et les centres de soins.