Les dirigeants des vingt plus grandes économies mondiales devraient se pencher, lors de leur réunion des 27 et 28 janvier prochains à Paris, sur les causes de l'actuelle volatilité des cours des denrées alimentaires et trouver des solutions pour combattre la hausse effrénée des prix des produits agricoles, estiment les spécialistes. Selon des officiels de la Commission européenne, les dirigeants des plus riches économies au monde devront, en premier lieu, définir le problème et cerner les causes réelles de cette «importante» hausse des cours des produits alimentaires avant de réfléchir sur les moyens de stopper cette flambée des prix. La détermination des facteurs à l'origine de cette augmentation constitue, selon des fonctionnaires de l'Union européenne (UE), une première étape vers la mise en œuvre des actions «incisives» pour combattre cette hausse. Le dernier indice des prix alimentaires publié la semaine dernière par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) montre une augmentation de 32% des prix de gros pour les produits agricoles lors du second semestre 2010, ce qui a suscité des inquiétudes sur une répétition de la crise de 2007-2008. Toutefois, l'exécutif de l'UE estime que ces craintes «ne sont pas totalement justifiées» et que les données de l'indice «n'étaient pas valables de manière générale» dans la mesure où il ne prend en compte que la part des exportations des pays développés pour chaque produit, a-t-il expliqué. Si la demande croissante des économies émergentes, la baisse de rendement due aux conditions météorologiques imprévisibles et à l'impact de la production de biocarburants avaient contribué grandement à la hausse des produits alimentaires de base, la spéculation financière sur les marchés des matières premières est considérée comme la principale cause de la hausse des prix des produits alimentaires de large consommation. En effet, certains analystes estiment que le problème majeur réside dans «le lien entre les marchés agricoles et les autres marchés des produits de base, qui n'ont rien à voir avec l'agriculture». «Avant, les hypothèses sur les tendances des prix des denrées alimentaires étaient basées sur la structure du commerce agricole, alors qu'à présent, les prix sont affectés par des éléments complètement différents», affirment des fonctionnaires de la Commission européenne, cités par des agences de presse. Ces derniers pointent du doigt les marchés financiers qui font monter et descendre les prix indépendamment des réalités agricoles. Selon un analyste spécialisé des questions environnementales, Lester Brown, également président de l'Earth Policy Institute à Washington, «la grande crise alimentaire de 2011 était bien réelle et elle n'est pas près de se régler de sitôt». Pour la même source, la question n'est pas de savoir si la bulle alimentaire éclatera, mais de savoir quand. R. E.