De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Après les dernières émeutes qu'a connues le pays et qui ont été invraisemblablement attribuées au problème de la hausse du prix du sucre et de l'huile, on vient à se demander quels sont les moyens mis par l'Etat et les responsables locaux chargés de l'animation et des activités de loisir destinées aux jeunes, dont un grand nombre, diplômés ou non, se débattent dans un marasme social sans précédent. En effet, en évoquant les loisirs dans la wilaya de Bouira, force est de constater que ce mot demeure insignifiant aux yeux d'une jeunesse qui cherche avant tout à s'occuper et à entrer de plain-pied dans la vie active, trouver un poste de travail, ou tout simplement trouver une occupation qui puisse la sortir de la monotonie et de la morosité quotidiennes. Pourtant les infrastructures de loisirs et les points d'animation existent bel et bien à travers le territoire de la wilaya, cependant ces loisirs et les chances d'insertion dans la société ne sont pas à la portée du citoyen. En plus des lenteurs bureaucratiques qui nuisent encore à notre société, ces jeunes sont confrontés à l'absence remarquée et remarquable du mouvement associatif sur le terrain. Face à cet état de fait imposé ou engendré par la décennie noire et le terrorisme, les jeunes ne trouvent devant eux que les moments d'errance au niveau des sites naturels et parcs d'attractions, tels que la forêt d'Errich et la station de Tikjda, où des centaines de personnes s'occupent avec des activités diverses (le jogging, les pique-niques en famille, les randonnées en plein air et autres).De ce fait, une demande existe et la soif de loisirs se fait ressentir. Les responsables locaux persistent à dire que les communes sont suffisamment dotées en infrastructures, les maisons de jeunes, maisons de la culture, auberges de jeunesse, salles omnisports et stades communaux. Selon les chiffres, le nombre d'infrastructures fonctionnelles actuellement est de 59, dont 7 maisons de jeunes, 22 centres culturels et 29 salles polyvalentes. Le gros des infrastructures sportives est présent au chef-lieu de la wilaya ; on dénombre un stade de 10 000 places, 9 stades de foot, 13 terrains de foot, 2 piscines, 7 salles OMS, 10 CSP et 84 terrains de jeux, ce qui représente au total près de 126 infrastructures, mais sans que la pratique sportive ne sorte de l'anonymat à Bouira. D'autre part, les bibliothèques communales existantes ne sont, hélas, pas aussi fournies en ouvrages pour les jeunes, comme souhaité par cette frange de la société. quant aux bibliothèques en cours de réalisation inscrites dans le cadre du programme quinquennal,elles sont toujours attendues avec impatience par les bibliophiles en herbe. Les loisirs ont un prix souvent inaccessible pour le commun des citoyens qui commence même à oublier jusqu'à la signification de ce mot tombé en désuétude, par la force des choses. Si l'oisiveté se combat par des activités culturelles et sportives qui éduquent les jeunes, plusieurs infrastructures destinées à ce domaine accueillent souvent plus de manifestations politiques, meetings et autres rencontres que des représentations théâtrales, des conférences ou activités culturelles. Le 7e art, lui aussi, enregistre un déclin sans précédent au niveau de la wilaya. Boudé par les cinéphiles et en l'absence de salles de projection adéquates, ce secteur est presque ignoré du programme des responsables. Des salles de projection qui existent dans les importantes daïras de la wilaya sont inexploitées depuis les années 90, depuis que les cinémas avaient été décrétés «layadjouz». Ainsi, à Bouira, M'chedallah, Sour El Ghozlane, Lakhdaria, les salles de cinéma qui avaient procuré du divertissement à un large public se retrouvèrent fermées, et ce, jusqu'à ce jour.