L'Irak a vécu, hier, une nouvelle journée meurtrière suite à un attentat suicide qui a fait au moins une cinquantaine de morts et plus de 150 blessés à Tikrit, à 160 km au nord de la capitale Baghdad. L'attaque a eu lieu au début de la matinée, selon les médias locaux. Le kamikaze, qui portait une ceinture bourrée d'explosifs, s'est mêlé au milieu des recrues de la police irakienne avant de la faire détonner, a indiqué un responsable du ministère de l'Intérieur. «Un kamikaze a fait détonner sa ceinture d'explosifs devant un centre de recrutement de la police, dans le centre de Tikrit», a déclaré un responsable de la police locale sous le couvert de l'anonymat, précisant que l'attaque avait eu lieu vers 10h15 (7h15 GMT). Durant la matinée et au début de l'après-midi, l'attaque n'a pas été revendiquée même si les soupçons pèsent, comme à l'accoutumée depuis quelques mois, sur la branche irakienne d'El Qaïda qui a multiplié ses attaques contre les chiites et tout ce qui symbolise l'autorité irakienne. «De qui cela peut-il être l'œuvre sinon d'El Qaïda, qui continue ses massacres parmi nous ?» a déclaré Ahmed Abdoul-Djabbar, gouverneur adjoint de la province de Salahouddine, cité par Reuters. Selon un porte-parole de la police, plus de 300 personnes faisaient la queue devant le centre au moment de l'attentat. Les structures hospitalières locales étaient débordées et les mosquées ont mêlé leurs voix aux gens qui appelaient à des dons de sang pour la prise en charge des blessés. Tikrit, dont est originaire l'ancien dictateur irakien Seddam Hussein, est à dominante sunnite. L'attaque d'hier est la plus sanglante depuis l'attentat qui a visé, la nuit même des fêtes du Nouvel An, les chrétiens irakiens à leur sortie de la cathédrale syriaque de Baghdad. Le bilan de cette attaque, revendiquée par El Qaïda, est de 53 fidèles tués et d'une centaine de blessés. L'attentat qui a visé la police est le signe que les forces de sécurité irakiennes doivent encore faire des efforts pour assumer la tâche de la sécurité à travers le pays après le départ des Américains au début de l'année 2010. Pour rappel, le 17 août, un kamikaze s'était fait exploser aux abords d'un centre de recrutement de l'armée à Baghdad, faisant 59 morts et plus de 125 blessés. En dépit d'un accord sur le partage du pouvoir en septembre dernier, entre les différentes composantes ethniques et religieuses de la société irakienne, la violence n'a pas cessé d'endeuiller l'Irak qui peine à se reconstruire. L. M.