Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le manque de médicaments est devenu une «chronicité», s'alarme un professeur au niveau du CHU de Constantine : «Le circuit ne dépend pas des médecins et chefs de service puisqu'ils font passer leurs bons de commande par la pharmacie centrale de l'hôpital et attendent une réponse favorable.» Cela dit, la chaîne pharmaceutique exclut l'implication, voire la concertation des responsables qui veillent aux services en leur laissant uniquement un bordereau dans lequel sont signifiées les prévisions pour chaque spécialité. Pour lever le voile sur le manque de produits médicaux, nous avons pris attache avec la direction de la pharmacie centrale de Benbadis. Sans ambages, notre source écarte toute pénurie : «Nous n'accusons aucune pénurie latente en médicaments au niveau de la pharmacie centrale du CHU. Il arrive que des produits soient épuisés, mais il existe toujours une issue pour surmonter le problème, notamment dans les urgences.» Un semblant de satisfecit qui ne trouve pas consentement chez la majorité des médecins. «Les produits anesthésiant se font rares. Seules les urgences en sont dotées. De plus, des drogues de chimiothérapie, comme la ‘‘Cisplatinum'', sont absentes depuis plus de trois semaines, ce qui complique davantage la prise en charge des cancéreux. Il faut évoquer également l'absence de réactifs, amenant ainsi la majorité des hospitalisés à faire leur bilan en dehors de l'hôpital. Même l'échappée tunisienne est momentanément interrompue en raison des événements. Beaucoup de malades se procurent des molécules rarissimes en Algérie dans ce pays voisin sans omettre l'élaboration de quelques examens inexistants chez nous, soit par manque de réactifs soit par manque d'équipements», ajoute une source. «Une parente attend toujours de passer au billard faute d'anesthésie», témoigne sa proche. Alors que l'on sillonnait les couloirs exigus du centre anti-cancer, une personne cherchait désespérément «de l'anesthésie» au profit d'un membre de sa famille… Une situation pour le moins inquiétante depuis 15 jours. A cette situation la pharmacie rétorquera : «Il est des personnes qui veulent se procurer de l'anesthésie du CHU pour se faire opérer ailleurs dans des cliniques privés […] C'est aberrant.» D'autres sources affirment que la nouvelle loi de finances pourrait être à l'origine du déséquilibre du marché du médicament et que le fait d'avoir mis ce marché sous la coupe de la PCH n'aurait pas donné l'effet escompté. «Lorsque des produits génériques et à moindre coût se font rares, il y a de quoi s'interroger sur la fiabilité et la bonne traçabilité des médicaments, d'autant que des molécules chères n'accusent pas autant de perturbations en raison de leur disponibilité.» En tout cas, la chaîne du médicament divise les acteurs de la santé à Constantine quoique la tutelle rassure et écarte mordicus toute spéculation ou pénurie. Malheureusement, quelques services hospitaliers illustrent le contraire. Dès qu'un produit fait réapparition, un autre disparaît, rendant ainsi le cycle instable au grand dam du malheureux patient.