De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La prévention, la sensibilisation et surtout le recours au dépistage précoce restent les meilleurs moyens de lutte contre les cancers du sein, en courbe ascendante en Algérie. La sonnette d'alarme a été tirée dernièrement par le ministère du Travail et de la Solidarité, et ce, «en obligeant depuis un mois les femmes salariées à opter pour le dépistage au niveau des CASORECS. Des opérations similaires devraient être intensifiées en différents espaces de santé publique en vue d'épargner aux femmes des stades avancés souvent irrémédiables», d'autant que la prise en charge en milieu hospitalier bat de l'aile soit par manque de moyens (radiothérapie, chimiothérapie), soit par des ruptures médicamenteuses, même si, pour ce dernier point, les fréquentes ruptures commencent à être régulées d'une manière rationnelle compte tenu de la dernière directive étatique sur la gestion et la distribution des médicaments en milieu hospitalier.Véritable problème de santé publique, le cancer du sein demeure fréquent. Il représente 26% de tous les autres types de cette maladie. Au CHU Benbadis à titre d'exemple, la responsable de la radiothérapie atteste que plus de 800 femmes se présentent par mois pour entamer le traitement. Eviter aux femmes des stades métastatiques La fréquence des cancers du sein est aussi alarmante que les autres types de cette pathologie. Pourtant, les batteries de mesures relatives à la prévention et la sensibilisation tardent à se généraliser pour empêcher la maladie de progresser. C'est un constat établi par la corporation d'oncologues du CHU de Constantine. «Il faut adopter un plan cancer distinct pour faire baisser le taux», soutient le médecin de la radiothérapie active au centre anticancer de Constantine ajoutant que cette «vision demeure malheureusement à l'état embryonnaire». En ce mois dédié à la maladie, peu d'engagement est perçu sur le terrain en ce qui concerne les campagnes de sensibilisation, en témoignent les registres dans lesquels sont consignées les personnes atteintes. «Le cancer du sein représente 26% de tous les cancers», dira le professeur Djemaa, oncologue et chef de service de la radiothérapie au niveau du Centre anticancer (CAC). Un pourcentage qui illustre, on ne peut mieux, l'évolution de cette affection chez les femmes dépistées… tardivement. «25% des femmes se présentent au CHU au stade métastatique alors que le taux restant se rapporte à une catégorie qui a déjà contracté la maladie», révèle le professeur qui insiste beaucoup plus sur la nécessité d'asseoir une politique effective de prévention et de sensibilisation, ce qui amènera une prise de conscience chez les femmes en vue d'opter pour des dépistages précoces. «Par ces mesures préventives, on évitera aux femmes de se présenter au stade final», réitère Mme Djemaa. Dans ce contexte, une opération du genre a été enclenchée à Constantine au niveau de la polyclinique sise à Boumerzoug, et au niveau des Mûriers par des épidémiologistes. L'intention est somme toute louable et réfléchie, toutefois, elle est circonscrite et les pouvoirs publics devraient multiplier ces points de diagnostic. La corporation médicale ne cesse de le répéter, la prise en charge des cancéreux requiert des actions pluridisciplinaires allant de la prévention et l'organisation à la formation du staff médical. S'agissant des moyens mis en place pour apporter la thérapie à la catégorie touchée par ce cancer du sein, des manques perdurent notamment pour ce qui est des machines de traitement ou plus précisément la radiothérapie. Le CAC de Constantine «tourne» avec deux appareils datant de 20 ans et croise les doigts pour acquérir l'accélérateur promis par la tutelle il y a quelques mois. Cette situation provoque une bousculade au niveau du CAC. Et l'on ne s'arrêtera pas là ! Le plus dur se rapporte au décalage dans la prise en charge des malades avec ces rendez-vous lointains... Ce qui influe sur leur thérapie. «Des centaines de femmes attendent leur tour pour une séance de radiothérapie», atteste le professeur sur un ton désespérant. Désormais les yeux sont tournés vers le futur centre anticancer à l'hôpital de Didouche Mourad. Néanmoins, il faudra encore patienter quelques mois avant sa mise en service pour espérer un désengorgement du CHU qui accueille les malades des 17 wilayas de l'Est.