Les étudiants ne sont pas suffisamment informés des modes de contamination du VIH/sida. C'est une récente étude qui le montre. Les chiffres sont pour le moins inquiétants : seulement 2,9% des étudiants ont des connaissances sur cette maladie redoutable et les moyens de transmission du virus. Or, on le sait, l'ignorance peut être considérée comme une entrave à la lutte contre l'infection du VIH. Les résultats de l'étude ont été présentés, hier, à l'Institut national de santé publique (INSP), lors d'un atelier en présence de nombreux experts. Réalisée par le docteur Fadéla Toudeft, du CHU de Tizi Ouzou, en collaboration avec la très active association Aids Algérie, l'étude se penche sur les connaissances, les attitudes et les comportements des étudiants en milieu universitaire. Elle a été menée sur un échantillon représentatif de jeunes étudiants, au niveau de l'université de Bab Ezzouar (USTHB) et de l'Ecole des hautes études économiques et commerciales d'Alger ( EHEEC). L'échantillon a porté sur 1 798 étudiants des deux sexes, dont 1 621 à l'USTHB et 177 à l'EHEEC. Ainsi, d'après l'étude, «le pourcentage des étudiants possédant tout à la fois des connaissances exactes sur les moyens de prévenir la transmission sexuelle du VIH et qui rejettent les principales idées fausses relatives à la transmission du virus est de 2,9%.» L'étude a également relevé que très peu d'étudiants connaissent leur statut sérologique (1 étudiant su 4). D'autre part, «le pourcentage des étudiants ayant eu des rapports sexuels avant l'âge de 15 ans est de 11% », révèle l'étude, précisant que «plus de la moitié déclarent ne pas se protéger lors des rapports sexuels». En outre, «le pourcentage des consommateurs de drogues injectables déclarant avoir utilisé un préservatif est de 28,2%». De même, est-il souligné, «51,9% des consommateurs de drogues injectables ont avoué avoir utilisé du matériel d'injection stérile, la dernière fois qu'ils se sont injectés». Le docteur Toudeft estime que «malgré leurs connaissances, les jeunes continuent à adopter des comportements à risque élevé, ce qui laisse à penser à un défaut d'efficacité des méthodes utilisées dans le cadre de l'information, de l'éducation et de la communication en direction des jeunes». Cette experte recommande de revoir la stratégie de prévention du sida et la création de groupes de paroles en milieu universitaire. Par ailleurs, «le nombre de jeunes qui ont un rapport sexuel dès l'âge de 16/17 ans mérite sérieusement une réflexion sur la mise en place d'un programme adapté d'éducation sexuelle», préconise l'oratrice. Notons que l'étude en question s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet initié par Aids Algérie, baptisé «appui à l'accès à l'information sur les IST/VIHsida et à la promotion du dépistage volontaire et gratuit auprès des jeunes universitaires» et financé conjointement par l'ambassade des Pays-Bas et celle de France, avec le soutien de Onusida Algérie. L'association Aids Algérie mène différentes actions de prévention contre le sida, notamment auprès des groupes vulnérables et plus particulièrement les jeunes, dans le cadre d'un plan national stratégique IST/VIHsida 2008-2010. A. B.