De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Ce sont des pathologies accidentelles à 90%. Il s'agit de prendre en charge les personnes dont le pronostic vital est en jeu», précise le médecin chef du service des grands brûlés au niveau du CHU Ben Badis de Constantine, le professeur Djenane, soulignant que les accidents domestiques figurent en tête des catégories admises à l'hôpital. Viendront ensuite les brûlures électriques émanant surtout de la haute tension (1 000 volts) et aussi des actes intentionnels par flamme ou liquide chaud. Quant aux accidents du travail, leur taux est réduit. A cet effet, estimera le spécialiste, «je pense que les ouvriers et les entreprises sont devenus de plus en plus conscients et prennent au sérieux les mesures de sécurité. En dépit de toutes les mesures de préventions lancées çà et là par les acteurs censés jouer le rôle d' ‘‘extincteur préventif'', on assiste, impuissants, à des brûlures. C'est imprévisible !! Malin celui qui anticipe un accident de la sorte. Mais le plus important demeure lié aux mesures urgentes disponibles sur-le-champ pour parvenir à garantir une prise en charge sans faille». C'est l'appréciation émise par le spécialiste qui prône un élargissement, voire une multiplication des structures pour «brûlés» sur l'ensemble des wilayas afin de répondre présent à chaque incident. Au plan chiffré, des études rétrospectives font état d'une incidence de 300 cas pour 100 000 habitants et ce, toutes brûlures confondues (partielles ou profondes). «En extrapolant ce taux en Algérie, il en ressort 90 000 brûlés enregistrés chaque année.» Toutefois, poursuivra-t-il, «le nombre de malades qui demandent à être hospitalisés frôle les 4 200 annuellement alors que les capacités d'accueil offrent approximativement le tiers». En se référant à l'incidence, 3 000 patients devraient être répartis dans d'autres structures de soins ne relevant pas du service spécialisé. Une disproportion qu'il faudrait équilibrer par la réalisation d'autres constructions à travers tout le territoire national, a estimé notre source. Le CHU de Constantine dispose d'un service fort sollicité pour ce cas d'accident. Il couvrait par moments les 17 wilayas de l'Est avant la mise en service de la structure d'Annaba. «On s'occupe principalement de la réanimation des grands brûlés. La capacité d'accueil étant de 15 lits, ce qui répond pour le moins aux normes fixées entre 6 et 26 lits. Mais au moins 250 cas par an y transitent pour suivre des traitements. Pour pallier les déficits, les malades une fois ‘‘sauvés'' sont transférés vers d'autres pavillons (ORL, médecine générale…) pour y suivre des soins. Ceux-ci, faut-il le souligner, sont assez lourds, car réclamant beaucoup de consommables.» Une opération d'extension aura été inscrite sur les calepins des décideurs en collaboration avec le service en question et ce, pour porter le nombre de lits à 25.«On ne peut pas implanter n'importe où une structure destinée aux grands brûlés. C'est la condition principale requise pour ce genre de cliniques de soins», soutient notre interlocuteur, mettant en relief la susceptibilité chez cette frange de malades vulnérables à moult facteurs qui doivent être pris en compte sous peine de générer d'autres complications. De prime abord, la situation géographique compte pour beaucoup, notamment dans les mises en place d'hôpitaux spécifiques. «L'emplacement devrait être idéal et répondant à des critères», a réitéré notre interlocuteur. Et d'expliquer sur un autre chapitre : «Des soins prodigués aux malades considérés comme immuno-déprimés demandent une ‘‘multidisciplinité'', ce qui appelle toutes les spécialités médicales du CHU à y faire face.» Ce sont des paramètres indissociables qui, selon le professeur, doivent régir un centre ou un service pour grands brûlés, éclairages apportés par M. Djenane concernant toute éventuelle réalisation de clinique. La wilaya de Constantine qui a récupéré l'hôpital militaire après une rétrocession comptait y inclure un centre pour grands brûlés. C'était même l'injonction faite par le ministre de la Santé Ould Abbes. Toutefois, après réflexion, les décideurs locaux, c'est-à-dire la DSP, ont revu cette perspective, car, après concertation toujours en continu, la Direction de la santé revoit sa copie pour asseoir des services qui répondent au mieux à la demande de la localité. Pour sa part, M. Djenane, questionné à ce propos, s'est montré plutôt sceptique quant à l'intégration d'un tel service au sein de l'enceinte récupérée, renvoyant l'option à une réflexion plus approfondie. Actuellement, l'Algérie compte cinq centres spécialisés répartis sur Alger (2), Annaba, Constantine et Oran. Une structure est actuellement programmée à Skikda. «Cette décision a été entérinée après les accidents qui se sont produits au niveau de la zone pétrochimique», dira le médecin. Pour l'heure, le CHU de Constantine ranime les grands brûlés et la chirurgie réparatrice au même pavillon apporte sa touche esthétique.