Photo : M. Hacène De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La filière apicole semble évoluer de manière positive au cours de ces quatre dernières années en Algérie. L'affirmation émane des professionnels de l'apiculture qui font état de progrès significatifs dans la maîtrise des produits de la ruche. Le premier Salon de l'apiculture, qui regroupe les professionnels de six wilayas spécialisées dans la production de miel depuis le 26 janvier dernier et jusqu'à demain, a le mérite de révéler un secteur qui évolue en marge et à l'ombre des réalités, malgré son importance. L'objectif des professionnels et responsables du secteur est d'arriver à un plan de production de 100 millions de kilogrammes de miel par an, dans le cadre d'un plan qui s'étale de 2010 à 2014. La production actuelle est aux alentours de 48 millions de kilogrammes par an au cours de l'année 2009/2010, alors qu'elle ne dépassait guère les 33 millions de kilogrammes annuellement. Le secteur peut, cependant, connaître un autre essor pour peu que l'aide de l'Etat soit de mise. «Les aides de l'Etat font cruellement défaut au secteur. On nous demande de baisser les prix du miel, afin d'être à la portée des consommateurs. Mais comment cela est-il possible en l'absence de tout soutien ou aide de l'Etat ? Les coûts de la production et de la maîtrise de la production ne sont pas des moindres.» Les apiculteurs réclament également des mesures corollaires à travers la mise en place de laboratoires spécialisés et de mécanismes de collaboration et de formation au profit des professionnels du secteur. Cela est d'autant plus important que les miellées algériennes sont d'une qualité exemplaire, contrairement aux produits d'importation et d'origine étrangère dont le nectar est mélangé à du fructose de maïs. Les produits introduits, plus de 150 000 tonnes annuellement, de Chine via l'Arabie saoudite et d'Inde ont démontré leur inconsistance vis-à-vis des produits locaux dont le nectar est authentique, sec et sans mélange de sirop, d'eau et autres produits de conservation. Les spécificités du micro-climat local, la qualité de l'abeille algérienne évoluant le long du Tell et les diversités de la flore permettent une production de qualité et de grande performance pour une filière qui ouvre de grandes perspectives aux jeunes. Les participants au Salon d'Oran ont d'ailleurs mis l'accent sur ce point et surtout sur le soutien qui a permis aux jeunes de développer leur activité dans ce créneau.C'est ce qu'a souligné à titre illustratif un gérant d'une entreprise privée de la wilaya de Boumerdès, spécialisée dans la vente de miel et de matériel d'apiculture.Aussi, grâce à la persévérance de ces jeunes, le marché du miel en Algérie renferme plusieurs variétés, pouvant atteindre dix-dont le miel extrait du jujubier, d'oranges, de carottes sauvages et de fleurs de montagne, selon les propos d'un gestionnaire d'une pépinière d'apiculture à Sétif, qui a bénéficié d'un soutien financier estimé à 2 millions de dinars pour la concrétisation de son projet. Les jeunes exposants ont acquis une maîtrise dans l'apiculture, la production de miel et la production de matériel relatif à cette profession, leur permettant de contribuer à la formation de ceux qui sont armés de volonté pour entrer dans le domaine de l'apiculture, à l'instar de la pépinière précitée, qui dispense des cours pratiques et théoriques au profit de nouveaux éleveurs, sachant que certains approvisionnent les jeunes en essaims d'abeilles. Pour sa part, la Fédération nationale des associations d'apiculture a exprimé, selon les propos de son président M. Lakehal Mahmoud, sa volonté de former les jeunes en leur offrant un diplôme d'aptitude qui va leur permettre de bénéficier du soutien de l'Etat, en plus du dispositif d'emploi disponible. Dans le but de protéger l'apiculture de tous les risques et pour garantir aux éleveurs une assurance, la fédération a conclu récemment une convention avec la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), permettant à l'éleveur une indemnisation en cas de sinistre ou de catastrophes (multirisque apicole). A titre indicatif, la fédération compte 32 associations totalisant 200 000 adhérents dont la majorité est constituée de jeunes.