Photo : A. Lemili Par A. Lemili Quel cru, du très grand cru même que la saison de football national 2008/2009. Aussi bien en division une qu'en superdivision, excusez l'appellation pompeuse et d'origine… incontrôlée, ses deux plus importantes strates, voire les mamelles qui justifient une institution, plus même… des institutions, le statut de gens qui en occupent bureaux et espaces mais dont l'activité se déroule plutôt et surtout dans les couloirs. Parce que tout se fait et se défait dans les travées. Et voilà que ladite saison prend fin au moment où les divisions inférieures ne sont pas à exclure compte tenu du dénominateur commun qui les unit et les rend interdépendantes : la corruption, la violence, l'anti-jeu, l'affairisme, le public en aura eu pour tous les goûts. Une saison dont l'épilogue des plus caustiques a été annoncé sans ménagement par des résultats ébouriffants en division une lors de l'avant-dernière journée et plus farfelus encore en superdivision où, comme par hasard, ceux qui ont impérativement besoin de points à l'extérieur vont les ramener… les doigts dans le nez et là où nul n'aurait donné cher de leur… peau en d'autres circonstances. El Eulma, le Mouloudia de Batna et Reghaïa trouvent avec le plus grand des hasards les trois points essentiels. Comme pour prendre à contre-pied ces résultats, la seule rencontre qui ne risquait pas de souffrir de deal honteux, et pour cause l'enjeu seulement, s'est soldée par un partage des points entre deux banlieusards de la capitale qui vont sans doute payer un lourd tribut en faisant une croix sur un retour parmi l'élite parce que c'est la faute à pas de chance qu'ils aient le même nombre de points et que le match ponctue presque la saison, ne leur laissant aucune marge de manœuvre. Une saison 2007/2008 où tout a été dans la démesure comparativement à celles passées et qui, malheureusement, fournit tous les indicateurs d'une déliquescence qui n'arrête pas de prendre de l'ampleur et annonciateurs d'un point de non-retour que les états généraux, les brainstormings où, curieux paradoxe, au profit de la formation, de la rétribution des arbitres, d'un système de compétition à revoir et de la réactivation des comités de supporters, la seule réalité qui gangrène le football, en l'occurrence LA CORRUPTION, n'est pas évoquée. Elle qui est pourtant à l'origine de tous ses maux, à savoir la disqualification de l'arbitrage, une formation que nul n'arrive à installer et instituer, d'une violence qui s'y nourrit chaque semaine que le dieu FOOT fait. Les MCO, ASK, USMB et à un degré moindre l'OMR échapperont ou n'échapperont pas au purgatoire mais à quel prix ? Les gars de Ruisseau ont eu beau s'égosiller sur une tentative de corruption d'un des leurs, ils resteront dans le ruisseau parce qu'ils n'ont pas compris que, dans le football national, la seule chance de survie est de suivre le sens du vent et l'appel d'espèces sonnantes et trébuchante. Ceux du MO Béjaïa, rubis sur l'ongle, se sont fendus à travers la presse d'un appel à la raison à des frères (dans toute l'acception du terme) pour des prunes. Il y a une année et le constat nous en a été fourni par un pseudo-président d'un pseudo-comité de supporter d'un pseudo- club de football s'adressant à un pseudo-arbitre sur son téléphone mobile dont il détenait, comble de l'ironie, le numéro pour lui demander d'arranger le résultat d'une rencontre que l'équipe du pseudo-responsable du pseudo-comité des supporters devait disputer à Constantine. En ne disant mot, l'arbitre en question ne pouvait que donner l'impression de consentir à une proposition indécente qui pouvait se creuser si l'intention initiale avait été appuyée par la suite. Et la fameuse affaire du derby constantinois avec cette autant fameuse dénonciation officielle par un vice-président du Mouloudia de Constantine d'un coup de téléphone déclenché la veille du match par un intermédiaire agissant, selon ses propos, au nom d'un arbitre dont il proposait «le barème». La presse qui, dans sa majorité, s'en était fait l'écho non sans parti pris pour l'un des deux clubs, n'a rien vu venir par la suite malgré le sursaut d'indignation des locataires de l'institution chargée de la gestion du football national. La presse, à son tour, a également contribué au pervertissement du jeu en s'impliquant trop par un penchant criant de ses serviteurs au profit d'un club et en ne s'impliquant pas a contrario en tant que régulateur ne serait-ce que par sa neutralité dans une compétition où il n'est pas interdit d'avoir des accointances avec une équipe donnée mais seulement en y mettant un peu la forme pour ne pas dire dans le cadre d'une éthique et d'un respect de la déontologie. Le football national sauvé. Les futures moissons seront meilleures ? Jamais, il n'en sera ainsi en ce sens que le fruit est trop pourri pour être sauvé et que ceux qui sont censés le traiter n'échappent malheureusement pas à un autre type de pourrissement. Ainsi va la galère et continuera-t-elle à aller. Rencontré un jour à Constantine à l'occasion du mémorial de feu Naïdja, ancien gardien du MOC prématurément décédé, R. Makhloufi nous dira : «Le seul moyen d'assainir la compétition ne peut que relever d'une volonté politique inébranlable. Il faudrait avoir le courage de marquer un break de la compétition d'une durée minimale de quatre années […] le temps d'installer une révolution dans les structures des institutions concernées en premier et de laver plus blanc dans les mentalités. Je sais que cela ne peut que rester le vœu pieux d'un rêveur. Nul n'ignore que le football est pris en otage et ceux qui le détiennent sont trop puissants pour être délogés de leur piédestal.» «Un pour tous et tous […] pourris.» Ne voilà-t-il pas un trait d'humour de Coluche qu'il faudrait cogiter.