De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il semble, par expérience et réalité du terrain interposées, évident que le niveau technique des joueurs africains venus de pays directement voisins ou quelque peu éloignés reste quand même supérieur à celui des locaux. Une telle appréciation n'induit certainement pas que lesdits joueurs d'importation soient des foudres de guerre. Loin s'en faut. Néanmoins, l'absence de référence sérieuse conduit ipso facto à un jugement arbitraire, sinon empirique par comparaison à la valeur brute du produit disponible sur le marché national du football. Or, qui des Algériens, et plus particulièrement de ceux qui, par habitude viscérale, vont au stade ou ceux qui se repaissent des images fournies chaque week-end par la télévision, ignoreraient que le niveau des joueurs nationaux vole bas. C'est dire que tout jugement de la valeur d'un joueur venant de l'étranger, et quelle que soit l'origine géographique, ne coïncide pas de fait avec celle qui lui est intrinsèque. Il n'est pas exclu qu'un joueur africain de niveau moyen ou égal à celui d'un footballeur algérien réussisse mieux qu'un autre réputé plus doué ou techniquement mieux armé. Et, au-delà du critère d'appartenance à la sélection nationale du pays d'origine, il n'en reste pas moins peu évident que le footballeur «importé» apporte avec lui un plus pour le club qui l'enrôle. L'enjeu serait-il alors ailleurs ? Tout porte à le croire, dans la mesure où, moyennement, un joueur africain serait coté, selon un confrère spécialisé en la matière, dans une fourchette de 30 à 60 000 euros. Ce qui n'est pas peu une fois la somme convertie en monnaie locale, même si elle se situe dans les normes du coût d'un joueur du cru, dont le niveau technique ne serait pas forcément à classer dans la catégorie des surdoués. Où se situe alors l'astuce ? Parce qu'il est clair qu'il y en a une, excepté l'idée pour un joueur africain de certainement gagner mieux en Algérie que dans son pays ou tout autre pays du continent. Tout cela, bien entendu, sur un plan plus théorique que pratique, tant il est clairement connu que les Africains sont plus que souvent exploités, et, parfois, toutes proportions gardées, à la limite de l'esclavage, par leurs dirigeants en général ou leurs patrons en particulier. L'astuce… la vraie réside dans le fait de se servir de la période algérienne comme période de transition, à même de rapprocher le joueur concerné d'une possibilité de transfert vers la compétition d'un autre pays du Maghreb (Maroc, Tunisie notamment) et d'augmenter les opportunités d'un autre (transfert) plus conséquent vers l'Hexgone qu'encouragerait la forte présence d'entraîneurs étrangers, surtout d'origine française. Sans exclure également le fait que les dirigeants algériens, à l'image de Hannachi, d'Allik, et, à un degré moindre, de Demigha s'il était demeuré en activité, ont tissé un réseau de relations extra-muros qui vaut son pesant d'or. Même si ces relations sont entretenues avec des clubs de modeste, voire très modeste envergure. Finalement, tout le monde y trouve son compte, même s'il y a lieu d'insister sur la triste réalité que les joueurs africains sont vraiment très mal traités en Algérie, souvent, et toujours spoliés de leurs droits. Une galère que tout le monde connaît et à laquelle personne ne réagit, malgré la disponibilité de textes réglementaires protégeant les footballeurs étrangers. En conclusion, dans ce paysage, la présence de joueurs africains (sans tenir compte, bien entendu, des libertés de circulation) ne constitue pas, en réalité, une aubaine, loin s'en faut. Pour tout joueur africain, les responsables de club ou les recruteurs ne font que pénaliser un joueur algérien de niveau égal, sinon supérieur. Mais, est-il besoin d'insister encore une fois sur les soubassements d'une telle démarche. Autrement dit, des intérêts extrêmement vénaux et… officieux qui les justifient.