Pour de multiples raisons exogènes et endogènes au pays, le samedi 12 février constituera peut-être pour l'Algérie un rendez-vous avec son histoire, un de ces tournants déterminants pour l'avenir d'un pays, qu'il s'agira de ne pas manquer.Ce n'est pas tant le poids sur la société ou la qualité de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie à l'origine de l'appel à la marche qui confère à ce rendez-vous son importance - quoique la composante de cette nouvelle structure ait déjà démontré son attachement au changement et son militantisme pour une Algérie meilleure - mais le contexte qui voit, sur le plan international, des mouvements révolutionnaires s'opérer dans plusieurs pays arabes, des jeunes générations se battre à mains nues pour la rupture avec des systèmes vieillissants et en total déphasage avec leurs aspirations, et des régimes qui cèdent ou sont sur le point de craquer sous l'extraordinaire pression populaire.En Algérie, les motifs de mécontentement ne manquent pas et viennent même d'être reconnus et assumés par le ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia. Face à la cherté de la vie, aux crises du logement et au chômage, le manque de canaux de communication avec les dirigeants, la réduction des libertés, la corruption, l'absence de perspectives claires… et de multiples autres problèmes - que le ministre, il faut le rappeler encore, a lui-même évoqués dans un entretien qui n'est pas passé inaperçu - qui peut reprocher aux Algériens d'être en colère et d'aspirer au changement ?Le refus prévisible que, pour des raisons de sécurité, le pouvoir ne manquera pas d'opposer à la demande d'autorisation de la Coordination nationale ne dissuadera pas les marcheurs de braver l'interdiction et de descendre dans la rue pour réclamer pacifiquement «la démocratie, la justice sociale, la levée de l'état d'urgence et l'ouverture du champ politique et médiatique». Et il n'est pas impossible qu'ils soient rejoints par ces milliers de mécontents à travers le territoire national, encouragés par le prodige tunisien et l'abnégation du peuple égyptien que toutes les télévisons retransmettent heure par heure.La question qui se pose désormais est de savoir si les milliers ou quelques dizaines de manifestants qui sortiront dans la rue seront reçus par le bâton ou par une oreille attentive et courageuse. On a vu les conséquences désastreuses en termes de pertes humaines, dommages matériels et diverses atteintes que la première option a engendrées ailleurs, sans arrêter la marche de l'histoire ni en changer l'issue.Voyons si l'Algérie saura tirer les enseignements des événements historiques de ces derniers mois et ouvrira les portes salvatrices du dialogue… S. O. A.