les délégations sont appelées à accorder leurs violons afin d'affronter cette nouvelle étape. Les travaux du conclave de la Coordination interwilayas s'ouvriront, en principe, aujourd'hui au CEM Amirouche à M'chedallah dans la wilaya de Bouira. Reporté à deux reprises à la suite des différends ayant éclaté entre les deux ailes du CCWBouira et qui ont été fort heureusement réglés après l'intervention des deux présidences tournantes de la Cadc et de la Cicb, cette rencontre, tant attendue par l'opinion locale et nationale, revêt un caractère décisif et déterminant. Les délégués de l'interwilayas vont devoir trancher sur la question du dialogue, dont la réponse, positive ou négative, pourrait largement contribuer à se fixer sur l'avenir immédiat du mouvement. Même si les trois principales coordinations ont déjà fait connaître leurs positions par rapport à cette question, il demeure que quelques divergences subsistent encore, notamment en ce qui concerne les préalables. La question de la dissolution des assemblées élues n'a pas été retenue par l'ensemble des partenaires. Partant de ce constat, les délégations représentant les wilayas activant dans le mouvement citoyen sont appelées à accorder leurs violons afin d'affronter cette nouvelle étape qui se dessine à l'horizon. Cette rencontre est aussi déterminante dans la mesure où elle débouchera inéluctablement sur une position des ârchs dont la nature est à même de définir «de quoi sera fait demain» pour reprendre l'expression même d'un délégué à la fois enthousiaste et soucieux. A la lumière de ce qu'ont vécu les trois coordinations ces derniers jours, il est difficile, même pour les observateurs les plus avertis, de pronostiquer une quelconque issue tant les rapports de force restent inconstants et variables au gré des humeurs. Les signes d'alerte lancés respectivement par les deux figures de proue, en l'occurrence Bélaïd Abrika et Ali Gherbi, ont-ils eu raison de la détermination des partisans du statu quo et du pourrissement? D'aucuns ne peuvent présentement affirmer quoi que ce soit eu égard à tous les malentendus, dont certains ont atteint les limites du non-retour, qui ont émergé au sein des trois principales coordinations. Si pour la Cicb la question du divorce avec le CSC d'El-Kseur, qui l'a quelque peu éclaboussé, reste posée, il n'en est pas de même pour les deux autres coordinations qui connaissent, à la veille de ce conclave, une certaine entente quoique très fragile. Les relations entre la Cicb et le CSC restent tendues. Ali Gherbi, que nous avons contacté hier, a confirmé son absence à cette rencontre, mais restera, cependant, à l'écoute. Quant à la position que l'interwilayas adoptera à l'issue de ce conclave, le porte-parole du CSC jugera sur pièce. De son côté, Bezza Benmansour continue à adopter une position réconciliatrice. S'exprimant au nom de la Cicb, il affirme que la structure, dont il est porte-parole, «est favorable au dialogue pour la mise en oeuvre de la plate-forme de revendications pour peu qu'il ait une volonté pour la satisfaire pleinement et entièrement.» Au sein du Cccwb, le consensus arraché au forceps par les deux présidences tournantes de la Cicb et de la Cadc reste aussi fragile tant les litiges et autres différends sont profonds. A Tizi Ouzou, en revanche, tout semble rentré dans l'ordre. La participation de Bélaïd Abrika et sa coordination, qui ont annoncé le gel de leurs activités à la coordination est, en partie, à l'origine de ces deux reports successifs. Toujours est-il que l'ensemble des délégations, qui prendront part à cette rencontre historique est interpellée par la population, qui les somme d'aller de l'avant sans perdre de vue l'aboutissement des revendications citoyennes pour lesquelles plus de 120 martyrs sont tombés et de ne pas perdre de vue la stabilité de la région et du pays qui ont fortement souffert de ces 28 mois de lutte. Aller à contresens équivaudrait à une mort certaine d'un mouvement dont la fragilité est maintenant prouvée à plus d'un titre. A la veille d'un autre rendez-vous historique pour l'Algérie, à savoir le 47e anniversaire du Congrès de la Soummam, les délégués se doivent d'être à la hauteur des aspirations citoyennes comme l'avaient été leurs ancêtres un certain 20 Août 56. Alors gare aux faux pas !