Tayeb Louh, ministre du Travail, scelle l?acte de décès d?une époque et annonce la naissance d?une autre. Selon lui, «l?économie de marché, dans laquelle l?Algérie va s?insérer, crée l?emploi, mais ne le préserve pas». En d?autres termes, les entreprises ne vont désormais plus signer de Contrats à durée indéterminée (CDI) à leurs employés. Le CDI est mort, vive le CDD ? Tayeb Louh, ministre du Travail, a fait preuve de pragmatisme en parlant, pour la première fois, de ce que seront prochainement les nouvelles relations de travail à l?ère de «l?insertion de l?Algérie dans l?économie mondiale». «La logique de l?économie de marché induit, évidemment, la création d?emplois, mais ne les préserve pas», a annoncé, ce matin, l?invité de la rédaction, une émission quotidienne de la Radio Chaîne III. Les entreprises publiques, qui ont depuis longtemps fait signer à leurs employés des contrats de travail à durée indéterminée (CDI) et qui sont pour la plupart déficitaires, principalement en raison d?une masse salariale très lourde, n?ont qu?un choix pour éviter la dissolution. «Entre la fermeture et la privatisation, le choix est pourtant facile à faire», a précisé le ministre qui parle, là, à demi-mots, d?une autre relation de travail : le Contrat à durée déterminée (CDD). «La privatisation est le seul remède pour les entreprises encore viables. Si celles-ci veulent être compétitives une fois entrées dans la concurrence mondiale, elles auront besoin de s?insérer dans une logique de rentabilité», a-t-il insisté. Pour le ministre, qui dit que l?acte de décès de l?économie assistée a été définitivement scellé, «l?économie de marché crée naturellement des emplois, mais ce n?est pas, à elle, de les préserver». Faut-il s?embarrasser donc des centaines de milliers d?Algériens dont l?avenir sera suspendu aux performances de leurs entreprises et qui risquent, s?ils ne perdent pas carrément leur poste d?emploi, de signer des contrats provisoires sans être sûrs d?être reconduits une fois le contrat arrivé à terme ? Tayeb Louh se veut plutôt rassurant : «Le nouveau Code de travail apportera indubitablement plus de souplesse dans les relations entre l?employé et l?employeur. Le pacte social, qui sera en principe conclu en septembre 2005, aura comme principaux matériaux la recherche de la performance économique et surtout de la cohésion sociale, avec la justice comme arbitre impartial et aussi les autres partenaires sociaux», a-t-il tenu à rassurer sans préciser pourtant comment et de quelle manière ce changement sera prochainement effectué, hormis peut-être le fait que l?Inspection du travail serait en passe d?opérer sa mue pour, évidemment, tenter de résoudre les clivages employeurs-employés annoncés dans le futur et qu?enfin le pluralisme syndical sera renforcé.