Les contestations vécues par la Tunisie ne sont pas sans conséquences sur les agences de voyages algériennes qui subissent, depuis la fin janvier, le revers de la révolte du Jasmin tunisien. Celles-ci viennent, en effet, de perdre la destination la plus courue par les Algériens. «Même si nous ne perdons pas espoir pour la saison estivale, il faut admettre que, dans l'immédiat, le volume des demandes a sensiblement baissé. La Tunisie était la destination familière et appréciée des Algériens. Aujourd'hui, la donne a changé suite à l'instabilité qui règne chez le voisin», souligne le manager d'une agence de voyages à Alger-Centre. Notre interlocuteur soulignera, cependant, que les Algériens n'ont pas tendance à passer par les agences de voyages pour voyager. Ils préfèrent établir eux-mêmes leur feuille de route. Récemment installée sur le boulevard Hassiba-Ben-Bouali à Alger, une agence de voyages confirme la tendance baissière de la demande. La responsable de cette agence précisera : «Au moment où nous avons relevé l'intérêt des Algériens pour des séjours printaniers en Tunisie, la révolution a éclaté chez les voisins. Ce qui a dissuadé tous les potentiels candidats au voyage.» Qu'en sera-t-il une fois que les choses se stabiliseront en Tunisie ? A cette interrogation, les managers d'agences de voyages confirment ce que prédisent les spécialistes du tourisme. «Je pense qu'une fois le calme et la stabilité revenus dans le pays voisin, les Algériens repartiront sans doute à la découverte d'une Tunisie sous un nouvel ordre. Nous nous attendions à une forte demande dans le sens où les Algériens seront certainement tentés par des séjours encore plus longs en Tunisie pour constater ce qui a changé comparativement à ce qui était en vigueur sous l'ère de Ben Ali. Cette curiosité sera encore renforcée par les témoignages d'Algériens de retour de Tunis qui vont décrire une nouvelle Tunisie», prédit un agencier. Au niveau de la compagnie Tunis Air, dont l'agence est sise à la rue Abdelkrim-Khatibi, on semble être plus préoccupés par les dernières nouvelles du pays. «Je pense qu'il sera difficile de trouver un vol à destination de Tunis en ces temps troubles quand bien même beaucoup d'Algériens souhaiteraient être sur place pour vivre ce qui est en train de se passer en Tunisie», ironise un jeune étudiant de la Faculté centrale attiré par l'emblème national tunisien. Pour Salah, qui a séjourné entre 2004 et 2006 dans la capitale tunisienne pour une formation dans les finances, l'envie d'y retourner n'a jamais été aussi forte. «Depuis que j'ai quitté la Tunisie en 2006, je n'ai pas eu envie d'y retourner. Les deux années passées là-bas m'ont permis de découvrir le pays. Mais avec les changements opérés dans ce pays, la tentation est irrésistible. Je compte partir dans les prochains jours», lâchera-t-il. Les agences qui ressentent la «réplique touristique» de la révolution du Jasmin expliquent, par ailleurs, que la destination Egypte était déjà très peu demandée bien avant la remise en cause spectaculaire du régime de Moubarak. A. Y.