Photo : Riad Par Algérie presse service Des vendeurs exposant leurs marchandises à même le sol dans plusieurs endroits de la capitale se disent «contraints» de recourir à ce type d'activité dans le but de subvenir aux besoins de leurs familles. Les autorités locales, de leur côté, sont décidées à éradiquer le marché informel mais adoptent, pour ce faire, une démarche progressive basée sur l'intégration des concernés au marché officiel. C'est au niveau des quartiers populaires que le phénomène de la vente sur la voie publique est le plus notable. A Bab El Oued, notamment au niveau du quartier les Trois Horloges, des jeunes et des moins jeunes étalent leurs marchandises sur le sol, attendant qu'un client se présente. Divers articles sont minutieusement exposés : habits, produits alimentaires, livres et cahiers, pièces détachées, etc. Bref, tout ce qui pourrait intéresser le client à la recherche d'un produit comestible ou utilisable à «bon prix». Les vendeurs sont debout de longues journées durant à tenter de convaincre les gens de leur acheter quelque chose. Ils disent que ce n'est certainement pas de gaieté de cœur qu'ils s'adonnent à cette activité «pénible». «Si je suis là, c'est pour ne pas rester oisif mais aussi, et surtout, pour tenter de ne pas rentrer le soir bredouille car j'ai une femme et trois enfants à charge», confie Ali, un quadragénaire issu d'une wilaya de l'intérieur du pays. Sur ce phénomène de vente sur la voie publique, le président de l'APC de Bab El Oued, M. Hacene Kettou, tout en se disant «compréhensif» au sujet des raisons ayant amené certains citoyens à exercer cette activité, n'en exprime pas moins la volonté des pouvoirs publics de l'«organiser» et de la «canaliser». «Certes, d'aucuns peuvent être tentés par les prix bas qu'offre le marché informel, mais il faut que les gens sachent que par endroits les riverains étouffent, à telle enseigne que le passage d'un camion d'approvisionnement, d'une ambulance ou d'une dépouille mortelle s'avère extrêmement difficile, voire impossible», constate M. Kettou. En guise de solutions que lui et les élus de Bab El Oued proposent pour éradiquer le commerce informel, ou, à tout le moins, en réduire l'étendue, M. Kettou évoque un certain nombre de mesures. Haro sur le commerce informel Outre le marché de proximité existant déjà au niveau du parking Saïd-Touati (66 étals et 34 boutiques), le premier responsable de la commune de Bab El Oued fait part de la prochaine construction d'un autre marché de proximité au niveau de la rue Rachid-Kouache, lequel comptera 91 étals, 60 boutiques et 20 dépôts. De plus, le coup d'envoi des travaux de construction d'un marché de proximité au niveau de la cité des Eucalyptus est sur le point d'être donné, dit-il, ajoutant que cette nouvelle réalisation contribuera à recaser des marchands (en activité depuis de nombreuses années) et qui sont en quête de régularisation de leur situation. M. Kettou a insisté sur le fait qu'une commission pluridisciplinaire s'est, récemment, rendue dans divers endroits de la commune pour procéder au recensement des postulants et à l'étude de leurs dossiers en fonction de l'activité exercée (ventes de fruits et légumes, détergents, quincaillerie...).Il estime que, pour aspirer à la maîtrise du phénomène du marché informel, un office communal des marchés communaux s'impose plus que jamais. Regroupant les marchés Stambouli (ex-Nelson), Saïd-Touati, Rachid-Kouache et les Eucalyptus, cet office aura pour principale fonctionsleur gestion sur les plans de la sécurité et du contrôle des prix pratiqués. Au niveau de l'APC de Sidi M'hamed, son secrétaire général, M. Oubahi Salah, indique, à propos des commerces illicites situés à proximité du marché Ali-Mellah (non loin de la place du 1er-Mai), que leur éradication a été différée. «Cela ne veut pas dire pour autant que nous tolérons ce type de commerce», soutient-il, mettant en exergue la nécessité de rechercher des solutions alternatives. En guise de perspective, il cite notamment le marché devant être construit rue Molière et dont l'étude du projet est terminée. Le secrétaire général de l'APC de Sidi M'hamed fait savoir également que l'assainissement dont ont fait l'objet cinq marchés de la commune s'est soldé par la fermeture de 100 locaux dont les contrats seront résiliés. «Il est anormal que des locaux demeurent inexploités depuis 10 ans ou que d'autres fassent l'objet de sous-location à des prix exorbitants», tranche-t-il, promettant que des jeunes bénéficieront de ces locaux fermés. Au quartier de Bachdjarah, les jeunes qui s'adonnaient au commerce informel au niveau de l'avenue principale ne sont plus là, ils ont trouvé «refuge» dans des cités proches, jouant le plus souvent au «chat et à la souris» avec les agents de l'ordre public. Pour le vice-président de l'APC chargé de l'administration et des finances, M. Abdeslam Maaïfi, le marché informel est «le fruit de nombreuses accumulations». En réponse à une question portant sur la réalisation de marchés de proximité pour résorber le phénomène, M. Maaïfi soulève le problème des assiettes foncières, lesquelles «font cruellement défaut», se désole-t-il. Un marché sans vendeurs Néanmoins, des efforts ont été consentis par la commune, affirme-t-il, citant comme exemple le marché de la cité les Palmiers. Ce dernier, à l'origine un CEM, a fait l'objet de travaux de réaménagement après avoir été fortement endommagé par le séisme de 2003. Sur le nombre de personnes pratiquant le commerce informel, M. Maaïfi fait état de 1 300 selon un recensement effectué à cet effet, faisant remarquer cependant que la capacité d'accueil du marché «n'était que de 500». «En dépit du fait que ce marché dispose de toutes les commodités (clôture, poste de police, éclairage...), les bénéficiaires ont refusé d'y aller, prétextant l'absence de clients et l'éloignement de l'endroit où le marché est implanté», regrette-t-il. Et d'ajouter : «Nous leur avons expliqué qu'un certain laps de temps était nécessaire pour que le marché soit connu de tout le monde.» Mais, enchaîne-t-il, les bénéficiaires des boutiques campent sur leurs positions. Le responsable communal s'est dit, toutefois, confiant que «le dialogue et la concertation» permettront de «surmonter les difficultés».