Photo : Riad Par Amirouche Yazid La suppression des marchés informels de la capitale est entamée. Le point de départ de cette opération, décidée par la wilaya d'Alger, a été le marché de Bachdjarrah et depuis dimanche dernier. Mais pour les commerçants qui y exercent, la décision est dure à accepter. «Les autorités sont, certes, dans leur rôle d'instaurer l'ordre dans la municipalité. Il est aussi vrai qu'il régnait une anarchie indescriptible ici avec des risques de dérapage à tout moment. Il est cependant attendu des responsables du secteur de trouver d'autres solutions à notre cas. On ne décide pas du jour au lendemain de mettre des gens au chômage. La triste réalité est là : des dizaines de familles ont perdu depuis leur gagne-pain. Nous ne savons plus quoi faire. Nous sommes dans l'incertitude», dira un vendeur de fruits, natif du quartier. Plus offensif, un autre vendeur compte organiser la résistance. «Il n'est pas question que nous quittions le marché», pestera-t-il. Dans les cafés et sur les trottoirs de la municipalité, l'avenir du marché se conjugue au conditionnel. On n'écarte pas un probable renoncement. C'est ce que pensent les commerçants légaux. Ces derniers, même s'ils se réjouissent de la décision, craignent une volte-face des autorités. «Nous espérons que cette fois-ci sera la bonne», relèvera un commerçant, tout en expliquant que les autorités appréhendent la réaction des vendeurs qui menacent souvent de recourir à l'émeute. La suppression du marché informel de Bachdjarrah soulève deux questions : les autorités publiques imposeront-elles l'application et le respect de la décision devant la menace de l'émeute brandie par les vendeurs informels concernés ? Les commerçants délocalisés seront-ils orientés vers un autre site mieux aménagé ? Rien n'est sûr pour le moment quand bien même on entendrait les autorités se dire déterminées à éradiquer les marchés informels pullulant dans la capitale. Du côté de la wilaya d'Alger, on soutient que «l'opération sera menée jusqu'au bout» et la suppression du marché de Bachdjarrah n'est que le point de départ pour une lutte sans merci contre la prolifération des marchés parallèles. Un résidant de l'immeuble situé en face du marché en question tient à approuver cette décision de délocalisation. Pour lui, les habitants de la cité doivent aussi la soutenir. «Il ne faut plus rester les bras croisés. Le marché a généré beaucoup de fléaux, particulièrement les vols et les agressions», a-t-il estimé. Les commerçants délocalisés exigent, par ailleurs, la «libération» des 120 locaux commerciaux construits à Oued Ouchayeh.