De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Hier, vers 10h30, près de 200 jeunes se sont rassemblés devant le siège de la wilaya de Annaba pour demander aux responsables de reconduire leurs contrats d'emploi DAIP et CID arrivés à terme. Ces jeunes qui, dans un premier temps, s'étaient massés à hauteur de l'hôtel Seybouse, avaient investi la rue, criant leur misère et leur détresse et demandant du travail. Devant le siège de la wilaya, leur nombre a très vite grossi et les slogans étaient repartis de plus belle pour exiger d'être reçus par les autorités locales. Ils sont venus de Djabanet Lihoud, de la cité Saf Saf, de La Colonne, de la place d'Armes et de M'Haffer, des quartiers populaires où le chômage fait rage. La police d'intervention, qui s'est très vite déployée pour protéger l'édifice, a établi un cordon de sécurité devant le portail pour empêcher les manifestants d'y pénétrer. Cette situation, qui a duré près de trois quarts d'heure, a été circonscrite aux abords du siège de la wilaya. «Nous ne sommes pas venus casser ou brûler, nous dit un jeune chômeur, nous voulons juste être écoutés et que nos réclamations soient prises en charge, le Président l'a déclaré, non ?» Quelques minutes plus tard, une délégation de cinq jeunes parmi les manifestants a été reçue par le wali. La réunion a duré près d'une heure. A leur sortie, ils ont expliqué aux protestataires que le wali leur a assuré que leurs demandes seront prises en charge et qu'ils ont à établir des listes par quartier pour éventuellement les intégrer dans les différentes formules d'emploi. «Ces listes doivent être transmises ce jeudi au cours d'une réunion que nous aurons avec le wali», lance Tyson (surnom donné par les jeunes au chef de la délégation). Les manifestants se sont regroupés par quartier pour établir leurs listes, certains se sont scindés en plusieurs groupes et sont restés sur place à discuter entre eux. Ce qui est sûr, c'est qu'à aucun moment la police n'a eu à intervenir ou à les bousculer. La situation a été maîtrisée sans heurts. Du côté du siège de la daïra de Annaba, des centaines de citoyens ont pris d'assaut l'édifice officiel pour demander à figurer sur la liste des logements sociaux qui seront bientôt attribués. Il y avait tellement de gens que les locaux de l'institution ont été envahis et des débordements ont eu lieu, heureusement sans dégâts. Les services de police qui ont su gérer la situation n'ont pas eu vraiment à intervenir. Ils se sont contentés d'expliquer aux protestataires que cette institution est la leur et qu'ils n'avaient pas à agir de la sorte pour réclamer des logements. A Sidi Amar, une localité distante d'une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, quatre jeunes sont montés au sommet d'un pylône juste en face de la cité universitaire et ont menacé de se suicider si l'on ne leur donne pas du travail. Une foule immense s'est formée et des citoyens sont intervenus pour faire entendre raison à ces candidats au suicide. Les autorités locales se sont déplacées sur les lieux pour convaincre ces jeunes de revenir sur leur décision. A El Hadjar, localité située à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, c'est un autre mouvement de protestation qui a pris naissance pour réclamer du travail et des logements sans toutefois qu'il y ait eu des débordements ou des dérapages. Là aussi les forces de l'ordre ont su gérer la situation et rien de vraiment grave n'est à signaler. A Berrahal, 30 km à l'ouest de Annaba, un père de famille a tenté de se suicider en mettant une chaîne à son cou après l'avoir accrochée aux barreaux d'une fenêtre de la daïra de cette localité. L'intervention des passants et des services de la Protection civile a été salutaire pour ce citoyen qui réclamait un toit pour sa famille. En ces temps incertains où le front social est en ébullition et où des mouvements de protestation sont enregistrés un peu partout à travers les localités de la wilaya de Annaba, la situation est très difficile à gérer pour les autorités locales. Hier, il a suffi qu'un jeune commence à crier son désespoir dans la rue près du siège de la commune de Annaba pour que d'autres viennent à la rescousse et se rassemblent pour organiser une manifestation spontanée. Une manifestation qui peut faire tache d'huile et donner des idées à d'autres peu soucieux de la stabilité et de la paix civile dans cette ville de l'est du pays. Pour tout dire, la situation est explosive et peut basculer à tout moment, les responsables locaux devront aller au-devant des jeunes pour les écouter et les comprendre.