Cette année, les Bouiris, à l'instar de l'ensemble des citoyens dans les autres régions, abordent le mois de Ramadan un peu plus tôt que d'habitude. Il y a ceux qui ont pu se libérer et se sont dotés de moyens financiers nécessaires pour profiter un peu de leur congé. D'autres ont saisi la période estivale pour partir dans d'autres endroits dans le pays ou à l'étranger pour passer des vacances, changer d'habitude, loin du vacarme quotidien et de la crainte persistante d'attentats. Parmi ces derniers, la plupart ont dû écourter leurs vacances car, pour les femmes, il s'agit d'abord de nettoyer la maison comme d'habitude. La population va aborder aussi le Ramadhan sur fond d'une grande crainte du fait que ce mois coïncide avec la rentrée scolaire. Cela signifie pour de nombreux ménages que la facture des achats est appelée à atteindre des seuils insupportables. C'est vrai qu'il y a de quoi car l'ensemble des citoyens issus de la couche moyenne ont exprimé leurs inquiétudes depuis le début de ce mois face aux augmentations du prix des produits au moment où les salaires n'ont connu qu'une légère augmentation. Des inquiétudes qui n'ont guère été atténuées par les responsables et les autorités locales lesquelles continuaient à défendre vaille que vaille les mesures prises concernant le maintien du prix des denrées alimentaires très prisées au cours de ce mois. Sur le terrain, les consommateurs ont été accablés par les prix affichés au niveau du marché pour les fruits et légumes. La pomme de terre notamment a été cédée à 40 DA alors qu'en principe un stock considérable de tubercules a été prévu, justement pour éviter des spéculations et une flambée de ce produit. Les prix des autres produits frais, les viandes et les œufs, ont pris une courbe croissante à quelques jours du début du mois. La même tendance a été enregistrée concernant les légumes secs qui sont très prisés dans certains ménages. Plusieurs citoyens se sont interrogés sur les promesses faites par les responsables locaux sur le sujet et disent que «l'Etat est absent et il n'y a aucun moyen de régulation ni de contrôle des prix». Pour leur part, les autorités ont soutenu mordicus que tout ne sera pas comme le passé et que le commerce informel et illégal sera éradiqué. Un ancien agriculteur de la ville de Bouira a déclaré que le consommateur est désorganisé ; certains achètent des légumes et des fruits à des prix élevés alors qu'il ne s'agit pas de produits de saison. Ainsi, face à l'absence d'association de protection des consommateurs et du fait que les vendeurs arrivent toujours à trouver une parade pour échapper à la loi ou pour tromper la vigilance des équipes chargées du contrôle des prix ou des conditions d'hygiène dans la conservation des produits alimentaires, les citoyens ou les chefs de famille se retrouvent quelque peu livrés à eux-mêmes.