Le cinquième round des pourparlers entre le front Polisario et le Maroc semble déjà plus que compromis. Et pour cause ! Dans une correspondance particulière adressée au secrétaire général de l'ONU au lendemain de l'éviction de Van Walsum de son poste d'envoyé spécial de Ban Ki-moon, le Maroc a souligné, une fois de plus, que le règlement du conflit sahraoui ne pouvait avoir d'autres issues que l'autonomie. «Le Maroc réaffirme qu'il poursuivra son engagement avec sérénité, responsabilité et fermeté en vue de parvenir à une solution politique, basée sur l'autonomie et rien que l'autonomie, dans le strict respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale du royaume», a indiqué dans un communiqué le ministère marocain des Affaires étrangères. Pourtant, le royaume chérifien, tout autant que le front Polisario, s'était engagé à mener des négociations sans aucun préalable. Les Marocains qui viennent d'essuyer un échec diplomatique avec le non renouvellement du mandat de l'émissaire onusien pour le Sahara occidental, Peter Van Walsum, auquel ils accordaient «toute leur confiance», ont jugé utile de saluer «le travail effectué jusqu'ici par ce dernier. Le Maroc voit en ce diplomate, disqualifié par sa partialité, un homme «pertinent dans ses conclusions et objectif dans son engagement». Les Marocains n'ont pas oublié de rappeler dans leur correspondance que le Conseil de sécurité avait souligné dans sa résolution 1813, adoptée le 30 avril 2008, son «soutien sans réserve à l'engagement du secrétaire général et de son envoyé personnel, et ce, après que Van Walsum ait déclaré le 21 avril devant ce Conseil que l'indépendance [du Sahara occidental] est une option irréaliste». Quant aux responsables sahraouis réunis en conseil des ministres lundi dernier, sous la présidence de leur chef d'Etat, M. Mohamed Abdelaziz, ils ne perdent pas de vue la nécessité de mener à terme les négociations engagées pour faire respecter la légalité internationale. Qualifiant le départ de Van Walsum de «victoire» pour la légalité internationale, la RASD n'a pas tergiversé pour lancer un appel «pressant» en direction de la communauté internationale, spécialement l'ONU, pour «amener le Maroc à se conformer à la légalité internationale et permettre au peuple sahraoui de jouir librement de son droit inaliénable à la liberté et à l'indépendance». Le Conseil des ministres exprimera, dans ce sillage, la disposition de la partie sahraouie à «coopérer» avec l'ONU pour aboutir à une solution «juste et définitive», qui garantirait le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance. Rendant hommage aux «héros de l'Intifadha de l'indépendance qui mènent la résistance pacifique dans les territoires occupés du Sahara occidental, au sud du Maroc et dans les universités marocaines», le conseil des ministres a salué la «résistance des tribus Aït Baamran et la population de Sidi Ifni soumises depuis plus de deux mois à une répression sauvage de la part des forces marocaines». Le Conseil des ministres sahraoui a, cependant, appelé à la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis, détenus dans les prisons marocaines. Pour rappel, le Maroc et le Polisario poursuivent leurs négociations, depuis juin 2007, sous l'égide de l'ONU, à Manhasset près de New York. Des pourparlers destinés à déterminer l'avenir de l'ancienne colonie espagnole. Le quatrième round des négociations s'était achevé le 18 mars sans résultats et les deux parties sont convenues de se rencontrer à nouveau à une date non encore fixée. Les négociations buttent toujours sur l'obstination marocaine, à faire-valoir comme seule issue au conflit son plan d'autonomie. G. H.