Photo : M. Hacène Par Faouzia Ababsa La marche à laquelle a appelé la Coordination pour le changement et la démocratie n'a pas eu lieu. Et pour cause, elle n'a pas été autorisée. Le dispositif sécuritaire mis en place était disproportionné par rapport à une manifestation qui n'a pas mobilisé. Le pays n'étant pas en état de guerre, les pouvoirs publics n'avaient pas à déployer cette artillerie avec tout ce que cela a impliqué comme frais supplémentaires qui auraient mieux fait d'être utilisés dans une autre escarcelle autrement plus importante, au bénéfice des citoyens. De plus, plusieurs organisations ou partis ayant pris part aux premières réunions de la coordination (FFS, RAJ, Snapap, PST), élaboré les mots d'ordre et trouvé un consensus autour du minimum, se sont retirés et annoncé leur non-participation, ce qui a une signification politique qui ne peut s'expliquer par le fait qu'ils ont peut-être compris que des compromissions allaient être faites. Le résultat en est que c'est le RCD qui a récupéré le mouvement. D'autre part, beaucoup d'observateurs auront remarqué, hier, lors de la marche transformée en rassemblement, la présence d'Ali Belhadj, ex-responsable du Front islamique du salut dissous, venu renforcer les rangs de la contestation à laquelle a appelé le premier responsable du Rassemblement pour la culture et la démocratie. Cela a choqué plus d'un parmi les présents hier à la place du 1er-Mai. Culture et démocratie rimeraient-elle avec front islamique. Il n'est pas interdit pour tout parti ou organisation de revendiquer le changement, voire le départ du régime. C'est ce qu'on appelle faire alliance avec le diable pour arriver à ses fins. Car rien, absolument rien ne peut unir les deux parties aux positions diamétralement opposées. Et à moins de demander aux Algériens d'être amnésiques, il faut signaler que personne n'a oublié que le patron du RCD avait déclaré, il y a vingt ans, qu'il n'exclurait pas un putsch à la chilienne si le FIS arrivait au pouvoir, tandis que son vis-à-vis lui rétorquait qu'il ferait tout pour empêcher le RCD de gagner les élections. Cette alliance contre-nature est empreinte de dangerosité. Démocratie et intégrisme islamiste ne font pas bon ménage. Les Algériens en savent quelque chose puisqu'ils ont payé le prix pour les balbutiements de la démocratie par 15 ans de terrorisme, de larmes et de sang. Cette alliance s'explique d'autant plus mal que Saïd Sadi a fait de son combat contre l'islamisme un point d'honneur. N'a-t-il pas déclaré en septembre 2001 que «l'intégrisme islamiste est une doctrine primaire et totalitaire». Cette doctrine a-t-elle subitement évolué pour que Ali Belhadj s'invite dans les meetings et autres marches du Rassemblement pour la culture et la démocratie dont le premier responsable a été jusqu'à «décréter» que Ali Belhadj, interdit de toute action politique, «a le droit» de manifester.