Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa Au lendemain de l'annonce par le Conseil des ministres de la future levée de l'état d'urgence et de sa substitution par une loi de lutte contre le terrorisme, beaucoup de questions se sont posées sur l'implication de l'application d'une telle mesure. L'état d'urgence a été instauré, on s'en souvient, au lendemain du déchaînement de la violence terroriste ; il ne s'expliquait que par le souci pour l'Etat d'engager la lutte antiterroriste, à laquelle les forces de sécurité n'étaient nullement préparées. Avec tout ce que cela a entraîné comme dépassements et disparitions de personnes, reconnus au demeurant par les pouvoirs publics. L'état d'urgence qui n'est pas à confondre avec l'état d'exception, n'a pas suspendu la Constitution, ni dissous les partis politiques, même si certains créés nouvellement n'ont pas été agréés sans motif légal. D'autre part, les manifestations de rue sont interdites dans la capitale et permises dans les villes de l'intérieur du pays avec en prime une autorisation laissée au pouvoir discrétionnaire du premier magistrat de la wilaya. Pour Alger, on avance l'argument de préservation de l'ordre public et l'incapacité des organisateurs à maîtriser le flux des manifestants. Pourtant, lors de la qualification de l'Algérie au Mondial, des millions d'Algériens ont occupé la capitale, sans qu'il y ait le moindre incident grave ni débordement. Ils ont manifesté dans la communion. Mais tout cela n'a rien à voir avec l'état d'urgence. Pour preuve, sa prochaine levée ne changera rien du tout dès lors que le dispositif sécuritaire instauré au niveau de l'entrée de la capitale ne sera pas retiré, puisqu'il est destiné à empêcher l'incursion des terroristes. Il continuera donc à indisposer les usagers de la route, contraints de sortir très tôt de chez eux pour rejoindre leurs lieux respectifs de travail. D'autre part, la levée de l'état d'urgence n'abrogera pas les dispositions nouvelles introduites dans le code de procédure pénale. Notamment dans les articles relatifs aux perquisitions qui peuvent se faire de nuit comme de jour, justement dans le cadre de la lutte antiterroriste. Des dispositions introduites par l'ordonnance du 25 février 1995, et qui seront renforcées, selon le communiqué du Conseil des ministres, par une nouvelle loi. Gageons qu'elle ne sera pas la copie conforme du «Patriot Act» américain.