«La peinture et le dessin sont mes premières amours», déclare, une flamme dans les yeux, Mouna Bennamani, jeune artiste peintre. Du haut de ses 21 ans et de son talent, elle refuse de faire de sa passion son gagne-pain. «Un métier, j'en ai un. La peinture c'est juste une passion», dit-elle réfutant ainsi le statut d'artiste «professionnelle», si tant est qu'il existe. En fin de cursus à l'Ecole nationale supérieure du tourisme (ENST) d'Alger, Mouna poursuit des études de gestion touristique. Son parcours culturel ne se limite pas à une seule discipline. «Après une dizaine d'années de pratique du violon au sein de l'association Les rossignols d'Alger de musique andalouse, je suis revenue à mon premier amour, le dessin», insiste-t-elle. Réflexe aussi vieux que l'humanité, l'une des premières formes d'expression chez l'enfant, ce besoin presque inné de tracer des lignes et des courbes nait, se développe et prend une proportion importante chez Mouna dès le «très jeune âge», par contagion et par hérédité. «Mon père est architecte. Il a enseigné à l'Ecole des beaux- arts d'Alger. Et ma mère a un sens artistique très développé. Je pense que c'est cela qui a été déterminant dans ma passion», analyse-t-elle. Son style artistique, elle ignore encore à quelle école de peinture l'arrimer. «Je suis une autodidacte. Pour l'instant je me cherche encore, même si mon art, je peux le qualifier de figuratif avec une touche de modernité», reconnaît Mouna. Son dada reste la reproduction de paysages urbains, d'objets traditionnels et des portraits typiques. «Mes œuvres favorites se rapportent à tout ce qui est orientaliste sans me limiter à cela. Comme la Casbah d'Alger ou les objets et costumes traditionnels. Ma toile préférée est le portrait d'un vieil homme en bicolore (noir et blanc) qui symbolise la sagesse et le vécu», argue-t-elle. Son retour au coup de pinceau s'est effectué dans un petit atelier, improvisé par une dizaine de femmes à Bouzaréah. «Un petit cocon artistique où des femmes s'adonnent à une forme de peinture artisanale», se rappelle-t-elle nostalgique. Son premier «fait d'armes» ou de pinceau, remonte à février 2010, où elle participe au concours en mémoire d'Aïcha Haddad au théâtre de verdure. Une exposition collective qui mènera deux mois plus tard à une autre, individuelle cette fois, à la salle d'exposition du SPA de Dar Diaf, pour une exposition-vente. «Mme Malika Tazamoucht, la propriétaire du SPA, est une artiste peintre qui encourage les jeunes talents. J'ai exposé 22 tableaux et en ai vendu 18», se félicite Mouna qui reconnaît tout le plaisir que procure le regard admiratif de l'autre sur son talent. En parallèle, elle expose depuis juin dernier «dans une petite galerie d'art à Delly Brahim. Deux ou trois toiles», informe-t-elle. Ses projets, une nouvelle exposition toujours au niveau du SPA de Dar Diaf à partir d'aujourd'hui (17 février 2011) qui durera un mois. 21 toiles seront ainsi étalées devant les regards des amateurs de couleurs et de formes. Sur l'attrait du public pour ce genre de manifestations culturelles, Mouna affirme que «ça attire beaucoup de monde. C'est généralement un public aisé, amateur d'art mais pas forcément très connaisseur. Leurs tableaux préférés se rapportent aux paysages et portraits orientalistes. Surtout, ce qui concerne l'Algérois. C'est sûrement dû à la nostalgie et aux souvenirs d'antan». Jeune ambitieuse, l'œil rêveur et les gestes lents de l'artiste, elle soutient que la peinture est une discipline «presque élitiste». «C'est un art quoi qu'on en dise, qui est inaccessible pour certaines catégories de citoyens. Un étudiant par exemple, ne pourra pas mettre les 5 000 à 7 000 DA nécessaires pour la réalisation et l'entretien d'une toile», informe-t-elle. Sur la possibilité d'évolution, d'échange et d'exposition, Mouna reste positive. «Il est vrai qu'il y a moins d'associations culturelles autour de la peinture que celles consacrées à la musique. Il est vrai aussi que les quelques cercles et associations qui existent sont difficilement accessibles, mais les opportunités d'exposition sont là. Il faut simplement oser frapper aux portes. Moi, je prends une toile à la main et me présente aux galeries et salles d'expo. Et généralement ça marche», témoigne-t-elle en affirmant qu'«il y a des gens qui travaillent à faire découvrir des artistes». Des propriétaires de salles d'exposition qu'elle scinde en trois catégories. «Les passionnés qui encouragent les jeunes talents. Les sélectifs, très regardants sur la qualité des œuvres. Et les bourges qui font ça pour le style». Quart à ses espoirs etattentes, Mouna souhaite davantage trouver un travail dans le secteur du tourisme pour pouvoir s'adonner à son autre passion : les voyages. Quant à son exposition à Dar Diaf, elle dirai «venez me voir et soyez indulgents.» S. A.