Pour la énième fois, les Américains ont opposé leur veto au Conseil de sécurité à une résolution qui pouvait condamner les colonies sionistes. Pour la énième fois, les Arabes ont dû se rendre à l'évidence. La politique étrangère américaine ne bouge pas d'un iota. Dirigés par les Démocrates ou les Républicains, le soutien indéfectible à l'Etat sioniste n'a jamais été altéré. Les Arabes, plus spécialement les Palestiniens, qui ont cru à un possible accord de paix sous les auspices américains, ont depuis vendredi dernier la certitude que les Américains ne peuvent avoir un arbitrage neutre lorsqu'il s'agit d'Israël. Aussi, il est normal que ces derniers se soient adonnés à l'extériorisation de leur colère immédiatement après le veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU au projet de résolution arabe condamnant la colonisation israélienne dans les territoires occupés. Le secrétaire général du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo, n'a pas manqué de dénoncer que la décision des Etats-Unis de mettre leur veto au projet de résolution arabe condamnant la colonisation est «malheureuse et affecte la crédibilité de l'administration américaine». Selon ce même responsable, qui est aussi un des principaux négociateurs palestiniens, l'Autorité palestinienne va «réévaluer» l'ensemble du processus de négociations de paix après le blocage du projet de résolution arabe, par le veto attendu de Washington. Saeb Arekat, ex-chef des négociateurs palestiniens, de son côté, a qualifié de «regrettable et injustifié» le veto américain au texte arabe qui appelle Israël à mettre un terme à la construction de colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés, y compris à El Qods-Est. M. Arekat a souligné, une nouvelle fois, que la colonisation israélienne «est illégale». Le veto américain ne changerait pas ce fait, ajoutant que «l'Autorité palestinienne poursuivra ses démarches diplomatiques, politiques et populaires contre cette colonisation» jugée contraire au regard du droit international. De son côté, Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, a indiqué que le veto américain allait encore «compliquer» la situation au Proche-Orient, et qu'il allait «inciter Israël à fuir ses obligations pour la paix». La poursuite de la colonisation israélienne est, faut-il le rappeler, à l'origine de la suspension, en octobre 2010, des discussions israélo-palestiniennes directes, provoquée également par le refus d'Israël de renouveler le moratoire sur le gel des constructions dans les colonies juives. Les Palestiniens ne cessent d'exiger l'arrêt total et complet de la colonisation dans les territoires occupés avant toute reprise du dialogue avec l'occupant. Aussi, il est tout à fait normal que des milliers de personnes aient manifesté dans la nuit de vendredi à hier, à Ramallah, contre le veto américain au projet de résolution condamnant les constructions juives. Ce texte a, en revanche, reçu le soutien des quatorze autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies. Parmi ces pays, la Grande-Bretagne. Un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, Londres, qui dispose également du droit de veto, a voté en faveur de la résolution arabe. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères William Hague, la Grande-Bretagne a appelé, hier, Palestiniens et Israéliens à reprendre place autour de la table des négociations «le plus tôt possible». La chef de la diplomatie française Michèle Alliot-Marie a, quant à elle, «regretté» vendredi dernier l'absence d'accord au Conseil de sécurité sur le projet de résolution arabe condamnant la colonisation israélienne, exhortant du même coup à «une reprise immédiate» des négociations directes. Elle ne manquera pas de souligner, au passage, l'unité des Européens sur cette question qualifiée d'«illégale au regard du droit international» et «qui doit cesser». L'Union européenne (UE) a également déploré, en des termes similaires, hier, l'absence de «consensus» sur le projet de résolution arabe condamnant la colonisation israélienne au sein du Conseil de sécurité de l'ONU et réaffirmé, par le biais de la chef de la diplomatie Catherine Ashton, que les colonies «sont illégales au regard du droit international». Les colonies juives «sont un obstacle à la paix et constituent une menace à une solution à deux Etats», a indiqué Mme Ashton, précisant l'«urgence» de la reprise des négociations israélo-palestiniennes. G. H.