Photo : Riad Par Badiaa Amarni «Rhumafed», médicament qualifié de «mortel», a été au centre de folles rumeurs accentuées ces derniers jours. Le groupe Saidal fabriquant ce produit contre la grippe, après près d'un mois, a décidé de sortir de son silence et de réagir énergiquement contre ce que son P-DG qualifie d'instrumentalisation d'un problème qui ne mérite pas ce traitement tant il est purement technique. Le président-directeur général (P-DG) de cette entreprise est sorti de son mutisme pour remettre les pendules à l'heure. Lors de sa conférence de presse qu'il a animée, hier, au centre de formation de Sonelgaz à Ben Aknoun, M. Derkaoui Boumediene a déclaré que «c'était une simple erreur technique minime à laquelle nous n'avons pas accordé plus d'importance, mais certaines personnes malintentionnées ont saisi cette faille pour lui donner une autre dimension». Selon lui, dès que l'erreur a été constatée au niveau du centre de distribution de Batna, les mesures nécessaires ont été prises, à savoir le retrait du marché de ce lot n° 1714 comportant 10 000 boîtes de Rhumafed. L'anomalie n'a concerné que 500 boîtes de ce lot et consiste en une erreur dans le blister (feuille d'aluminium qui recouvre les comprimés) apposé. Le blister de Cardital a été mis à la place de Rhumafed. Tous les autres composants du produit restent les mêmes, à commencer par les comprimés, le principe actif, l'étui, la vignette et la notice. Les patients ayant pris ce médicament ne doivent pas s'inquiéter car aucun danger sur leur santé n'est à relever. M. Derkaoui a expliqué que les SMS et mails diffusés ces derniers temps auprès des populations dénotent «une campagne agressive bien orchestrée par des parties malintentionnées animées d'une forte intention de manipuler les citoyens qui ont, eux aussi, répercuté le message par ignorance de la vérité». Le premier responsable de Saidal a reconnu qu'il y a eu effectivement une «faute technique et une faille au niveau du contrôle» causée par un manque de vigilance de la part du personnel de Saidal, et que les autorités concernées, à leur tête le ministère de la Santé, ont été informées. Reconnaissant la faiblesse de la communication du groupe Saidal en confiant que «nous ne sommes pas des champions en la matière», M. Derkaoui a signalé que «cette affaire a été orchestrée pour détruire l'entreprise». Sans pointer personne, le P-DG de ce groupe dira que «Saidal dérange en alignant ses tarifs vers le bas, et c'est comme ça que des rentes sont cassées pour le bien du consommateur algérien». Avant d'ajouter : «L'économie de marché a ses règles. Nous sommes en guerre économique, mais les gens ne respectent pas les règles de la concurrence.» Interrogé pour savoir si la justice sera saisie dans cette affaire, le P-DG de Saidal informe : «Nous sommes en train de constituer un dossier complet avec tous les éléments nécessaires avant de décider des suites à lui donner, d'autant qu'il y a eu manipulation de l'information.» Pour sa part, Sonia Aït Ouakli, directrice technique à Saidal, a eu à expliquer, concernant le produit Rhumafed, qu'il n'y a eu aucun mélange de Cardital lors de la fabrication de ce médicament. «Matériellement, il est impossible de faire un mélange dans la fabrication du médicament car les deux comprimés n'ont pas les mêmes caractéristiques physiques et techniques et sont fabriqués par des outillages différents», a-t-elle précisé.A propos des projets de Saidal, son P-DG a confirmé qu'ils sont très ambitieux et qu'il ne veut pas les divulguer avant leur approbation par le gouvernement. Ceci étant, des discussions sont en cours avec ses partenaires pour peaufiner les projets. Aujourd'hui et demain, deux réunions sont prévues avec deux importants partenaires étrangers. B. A. Djamel Ould Abbès : «Les produits équivalents au Rhumafed seront interdits d'importation» Présent à la conférence de presse, le ministre de la Santé Djamel Ould Abbès a appelé le P-DG de Saidal à porter cette affaire devant la justice. «Il s'agit là d'une atteinte à l'ordre public, à la sécurité nationale et une tentative de déstabilisation du pays que je vais combattre avec rigueur», a-t-il signalé. Il annoncera, en guise de première mesure à prendre contre cette cabale, l'interdiction de l'importation de tout produit équivalent au Rhumafed. Et de confirmer que Saidal est à même de satisfaire tous les besoins du marché local. Le ministre a aussi dénoncé le non-respect de l'éthique et la concurrence déloyale de certains laboratoires.Enfin, Ould Abbès a déclaré que «le secteur du médicament est stratégique dans tout pays», en soulignant que «cette affaire intervient dans un contexte général où certains milieux tentent de mener des actions de déstabilisation du pays». «C'est un problème global qui s'inscrit dans la tentative de déstabilisation du pays», a-t-il conclu.