La révolte populaire, qui secoue la quasi-totalité des pays arabes, risque d'atteindre la Jordanie où le malaise social grandit de jour en jour. Une manifestation des partis de l'opposition est en fait prévue pour demain dans la capitale Amman pour exiger des réformes de fond du gouvernement en place, ont rapporté hier les médias locaux, citant des membres de l'opposition. L'idée de cette «journée de la colère», slogan de la révolte égyptienne qui a fait tomber Hosni Moubarak, émane du Front de l'action islamique (FAI), parti proche des Frères musulmans et principale force de l'opposition dans le pays. «Près de 10 000 membres du mouvement islamique» sont attendus à Amman pour «dénoncer les violences et réclamer des réformes», a indiqué un membre du comité exécutif de ce parti. Mardi dernier, des partisans du roi de Jordanie ont vainement tenté de disperser une manifestation de plus de 200 jeunes qui se sont rassemblés devant le siège de la présidence du Conseil de Amman pour demander des réformes. Ce qui n'était pas le cas vendredi dernier où la répression d'un rassemblement de l'opposition s'est soldée par huit blessés, selon les médias. Près de 2 000 jeunes manifestants, dont des étudiants, des islamistes et des militants de gauche, sont sortis dans la rue pour protester contre la nomination d'un nouveau Premier ministre par le roi Abdallah. Pour les manifestants, cette nouvelle nomination n'apporte aucun changement dans le pays et ne réglera pas le problème de la hausse des prix et de la dégradation du niveau de vie du peuple jordanien. C'est la raison pour laquelle le FAI a décidé de maintenir la pression sur les autorités en appelant à une marche demain à Amman. «Malgré les promesses, nous n'avons pas été contactés concernant le dialogue pour l'amendement de la loi électorale qui constitue la pierre angulaire du processus des réformes», a indiqué M. Bani Rsheid, membre du FAI. Ce principal parti d'opposition ainsi que les autres formations affirment que les manifestations à venir visent également à dénoncer les «voyous qui attaquent les manifestants», a rapporté l'APS. Le gouvernement a ouvert le dialogue avec l'opposition, mais il semble que la rue n'est pas trop convaincue par les engagements des autorités.