La Côte d'Ivoire semble durablement enfoncée dans une crise endémique et chaque jour confirme la complexité de la situation sur le terrain. Le monde ayant les yeux rivés sur un monde arabe vivant des soubresauts historiques, les camps antagonistes en Côte d'Ivoire exploitent la situation pour «régler des comptes». Depuis une semaine, Abidjan ainsi que l'Ouest ivoirien sont régulièrement le théâtre d'affrontements meurtriers entre Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales au président sortant Laurent Gbagbo et ex-rebelles des Forces nouvelles (FN), qui contrôlent le nord du pays depuis 2002. Le gouvernement Gbagbo accuse les alliés de Ouattara d'être derrière ces violences, mais ce dernier récuse toute implication, affirmant qu'il s'agit d'habitants ayant pris les armes. Depuis leur déclenchement le 19 février dernier, ces combats meurtriers ont coûté la vie à 15 personnes et poussé quelque 5 000 Ivoiriens à fuir au Liberia, portant à près de 45 000 le nombre de réfugiés dans ce pays, selon les chiffres de l'ONU. L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), avertit qu'une confrontation durable «risque d'entraîner la reprise du conflit armé et de constituer une violation du cessez-le-feu». Cette flambée de tensions survient alors qu'une nouvelle réunion des quatre chefs d'Etat du panel de l'Union africaine est prévue. Le Sud-Africain Jacob Zuma, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le Tanzanien Jikaya Kikwete et le Tchadien Idriss Deby Itno devraient se réunir le 4 mars à Nouakchott. Ils devraient examiner la situation critique actuelle en Côte d'Ivoire et proposer d'éventuelles médications pour juguler la crise politique dans ce pays. Après avoir rencontré à Abidjan les deux présidents Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les quatre chefs d'Etat africains ont quitté la capitale ivoirienne en ayant présenté deux solutions pour les deux antagonistes : partage du pouvoir ou gouvernement d'intérim et ce, jusqu'à l'organisation de nouvelles élections. Plusieurs efforts africains ont été déployés auparavant en vue de dénouer la crise mais sans succès. Pas l'ombre d'une concession ne semble émaner des deux adversaires. La crise ivoirienne est née après l'élection présidentielle du 28 novembre, faisant déjà au moins 315 morts, selon l'ONU et a poussé des dizaines de milliers d'Ivoiriens hors du pays. Le camp Ouattara a dit récemment avoir apporté des «preuves» à la Cour pénale internationale (CPI) pour l'ouverture d'une enquête sur les violences qui auraient été commises par les pro-Gbagbo. Même les moyens de communication n'ont pas échappé aux attaques. Le signal hertzien de la TV publique ivoirienne a été coupé dans la région d'Abidjan à la suite de combats. M. B.