Loin des projecteurs des médias, tous braqués sur les révoltes populaires qui secouent le monde arabe en ce moment, la Côte d'Ivoire sombre progressivement dans la guerre civile. Les violences post-électorales qui ont éclaté dans ce pays de l'ouest de l'Afrique ont déjà fait plus de trois cents morts et au moins un millier de blessés depuis la mi-décembre. Après une période de trêve, au lendemain de la présidentielle du 28 novembre 2010, les affrontements entre les partisans du président sortant Laurent Gbagbo et ceux du nouveau président Alassane Ouattara (reconnu par la communauté internationale) ont repris de plus belle dans l'Ouest frontalier avec le Liberia, provoquant un exode massif de plus de 5 000 personnes, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés. Ces affrontements opposent depuis jeudi soir l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN, pro-Ouattara) aux Forces royales de défense et de sécurité (FDS, sous contrôle de Gbagbo), à Yamoussoukro (Centre), la capitale économique de Côte d'Ivoire. Ils se sont étendus hier à d'autres villes du pays, à l'instar de Zouan-Hounien et Toupléleu, sans oublier la capitale Abidjan où ont commencé les violences à l'arme lourde entre le FDS et le FN. Des médias sur place affirment que Zouan-Hounien ne serait plus sous contrôle des forces pro-Gbagbo qui auraient perdu beaucoup de terrain. Ce qui a conduit le président sortant Laurent Gbagbo à imposer depuis vendredi un couvre-feu à travers tout le territoire national, dans l'espoir de reprendre le contrôle de la situation. Mais il semble que les choses sont plus difficiles que ce qu'il croyait. Quant aux partisans d'Alassane Ouattara, ils sont déterminés plus que jamais à en finir avec la crise politique qui paralyse le pays depuis trois mois. Sauf que l'option de la prise des armes risquerait de replonger le pays dans la guerre civile. La presse ivoirienne a dénoncé l'attitude de la communauté internationale qui ne sait plus si elle doit intervenir militairement pour arrêter l'effusion du sang ou poursuivre sa médiation pour trouver une solution à cette crise par la voie diplomatique. L. M.